ON PEUT dire de Dominique de Villepin qu’il n’a jamais eu de mandat électoral. On peut le soupçonner d’être davantage un beau parleur qu’un homme providentiel capable de trouver des remèdes aux maux nationaux. On peut relativiser le fait que son algarade onusienne contre l’engagement militaire des États-Unis en Irak en 2003 lui vaille aujourd’hui les faveurs des cités. On ne voit pas non plus ce qui le différencie, philosophiquement, de M. Sarkozy, sinon qu’il a une meilleure éducation. On constate très vite, quand on l’entend, que son lyrisme le guide, en fin de discours, vers la contradiction. Et enfin il n’existe vraiment que par son aversion pour le président (qui a tout fait pour la mériter), pas par un projet innovant.
Deux ou trois centres.
Il n’empêche qu’on voit du monde autour de lui, des sans-grade, mais aussi des élus, et le lancement de son mouvement-qui-n’est-pas-un-parti, la semaine dernière, a fait salle comble. Il obtient toute l’audience que mérite son panache, mais beaucoup plus que ne valent ses idées. On aurait un président qui porte beau. On aurait aussi celui qui a encouragé Chirac à dissoudre l’Assemblée en 1997 et qui s’est entêté, de manière funeste, dans l’affaire du CPE. Là n’est pas la question. Ce n’est pas en 2012 que M. de Villepin sera élu chef de l’État. Il demeure que, quel que soit son programme, l’ancien Premier ministre semble en mesure de recueillir quelques points de pourcentage, 5,6 ou 7, de voix. Dans le paysage politique tel qu’il se présente aujourd’hui, ces voix manqueraient cruellement à Nicolas Sarkozy au premier tour. D’autant qu’Hervé Morin veut être le candidat du centre et que François Bayrou se tâte : il ne sait pas encore s’il va céder aux sirènes de l’Élysée et refonder un centre qui se rallierait à l’UMP entre les deux tours ou s’il va continuer à faire cavalier seul. Le président sait que le moment d’une alliance de M. Bayrou avec la gauche est passé, que le parti socialiste, préoccupé par l’extrême gauche et par les difficultés que pose toute discussion avec les Verts, entend ne plus revenir au schéma que Ségolène Royal avait proposé en 2007. Toutefois, le chef de l’État ne parvient pas à convaincre M. Morin de renoncer et le risque est grand aujourd’hui que la droite aille à l’élection avec deux centres, ou même trois si l’on compte M. Villepin, ce qui ouvrirait un boulevard au Front national, actuellement en convalescence.
VILLEPIN PEUT GÊNER SARKOZY AU PREMIER TOUR
En face, Jean-Luc Mélenchon apparaît comme le Villepin de la gauche, et même beaucoup plus. Il joue le rôle tactique de Villepin en ce sens qu’il est capable, surtout s’il rallie les communistes à son nom, de dégager un bon pourcentage de voix. Et il les mérite. C’est un tribun remarquable, sinon affable. Il sait comment conserver la retraite à 60 ans (en tapant les « riches »), il sait comment régler la question de l’Afghanistan (en rapatriant les troupes françaises) et il sait comment faire des économies (en faisant de la France un pays pacifiste qui n’a besoin que d’une armée-croupion). C’est un programme dont ses admirateurs ne mesurent pas vraiment ce qu’il implique, car il n’est applicable que par le recours à l’autarcie. Mais un programme qui en séduira plus d’un, chez les chômeurs, les petits retraités, les agriculteurs ruinés. M. Mélenchon, qui est subtil, ne devrait pas trop avoir de mal à circonvenir le nouveau secrétaire national du PS, Pierre Laurent, ancien directeur de « l’Humanité », communiste doux et aux propos extrêmement modestes, apparemment moins combatif que Marie-George Buffet. Mais le PC dépend moins de sa direction que d’une conjoncture politique qui lui est chaque jour moins favorable depuis trente ans. Si les communistes présentent un candidat, il fera moins que Mme Buffet (moins de 2 % en 2007) ; s’ils se rallient à M. Mélenchon, il s’en servira bien mieux qu’il ne servira leurs intérêts. Comme disent les Anglais, « you’re damned if you do, you’re damned if you don’t ».
Quoi qu’il en soit, il va falloir que l’UMP et le PS travaillent dur pour contrôler le premier tour de l’élection présidentielle. L’Élysée tient, à propos de M. de Villepin, des propos encore narquois, mais se prépare en réalité à lui faire une offre pour l’écarter du chemin de M. Sarkozy. Quant à Mme Aubry, elle n’a, sur le papier, que de bonnes raisons de gagner, pour autant qu’elle soit désignée : tant de boulets (crise, scandales, colère populaire) sont attachés au pied de M. Sarkozy que, en bonne logique, le PS devrait n’en faire qu’une bouchée. Cela semble vrai aujourd’hui. Mais nos lecteurs sont assez avertis pour savoir qu’on n’en est pas là.
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