LES SPÉCULATIONS sur l’avenir du Fonds monétaire international, que Dominique Strauss-Kahn a réformé, de l’euro, de l’Union européenne, de la campagne électorale et de l’élection à la présidence sont à la fois prématurées et vaines. Comme Jacques Attali l’a indiqué judicieusement dès dimanche dernier, nul n’est indispensable. Le FMI s’est hâté de faire savoir qu’il restait opérationnel ; l’eurogroupe a tenu sa réunion en l’absence de DSK et pris des décisions (la Grèce ne sera pas abandonnée) ; les partis politiques en France rebattront leurs cartes. M. Strauss-Kahn apportait aux diverses solutions qu’exige la crise financière un leadership politique remarquable et personne ne souhaite minimiser le rôle qu’il a joué au sein de l’institution qu’il dirige ou dans ses contacts avec les membres de l’UE. Mais on peut le remplacer tout en maintenant la ligne qu’il avait tracée.
La sincérité d’Aubry.
Au PS, Martine Aubry veut prendre le temps qui empêche une précipitation indécente sans pour autant obérer les chances de son parti aux élections générales de l’an prochain. Elle a réagi à un choc sans précédent avec une retenue, un calme et en même temps une sincérité qui forcent l’admiration. Les autres candidats, potentiels ou déclarés, se sont contentés d’exprimer leur compassion pour la victime mais aussi pour un homme dont la culpabilité n’est pas encore prouvée. Dans la majorité, à part les couacs qui ont précédé la consigne de silence de Nicolas Sarkozy, la retenue est maintenant la ligne générale. Très rares sont ceux, dans le monde politique, qui se livrent à une mise à mort de DSK ; la plupart des hommes ou femmes politiques interrogés regrettent ce qui lui arrive. Car le scandale ne fait qu’aggraver la mauvaise réputation de la classe politique, renforcer les extrêmes, accroître les simplifications, alors que les difficultés actuelles de la France résultent de problèmes extraordinairement complexes. Pour toute personne pourvue d’un peu de bons sens, la disparition politique de DSK ne peut, en aucun cas, être une bonne nouvelle et quelques-uns de ses adversaires auraient préféré se battre contre lui à la loyale.
ON NE VOIT PAS QUI, SAUF LES PERVERS, POURRAIT SE RÉJOUIR DE CE QUI ARRIVE
L’affaire DSK est une horreur, pour lui et sa famille, pour la victime, pour le PS, pour le pays, pour tout le monde. Nous n’avons pas fini d’en payer le prix. Beaucoup de nos concitoyens vont s’en prendre à une justice américaine dont on ne niera pas l’extrême brutalité, bien qu’elle soit inspirée par un égalitarisme qui ne lui permet pas d’offrir des avantages particuliers aux grands de ce monde. Cela risque de se terminer en crise diplomatique entre la France et les États-Unis si un ou plusieurs refus de mise en liberté sous caution sont de nouveau décidés. Nos diplomates en poste à New York les considéreront comme une forme de harcèlement contre l’un de nos concitoyens, et pas des moindres. À l’inverse, diverses sources d’informations, notamment sur Internet, sont en train de tailler à DSK un costume encore plus large que celui qu’il porte, en le présentant comme un inqualifiable récidiviste ou un abonné des femmes de ménage du Sofitel de Times Square. Le seul fait que l’adjoint du procureur de New York ait fait allusion à une « autre affaire » sans donner plus de détails est très choquant, et la juge, Melissa Johnson, aurait dû le contraindre à retirer des allégations non prouvées. À l’opposé, les téléspectateurs qui regardent relgieusement « New York, police judiciaire », ne devraient pas s’étonner d’une procédure qu’ils ont largement eu le temps de comprendre et d’assimiler.
On ne voit pas qui, sauf les grands pervers, pourrait se réjouir de ce qui arrive à l’un de nos hommes politiques les plus talentueux. On ne voit pas qui pourrait se satisfaire de vaincre sans péril pendant les primaires ou de triompher sans gloire à la présidentielle. On ne voit pas comment l’image de la France ne sortirait pas ternie d’un procès au cours duquel seront évoqués des détails sordides, soit parce que l’accusation aura multiplié les preuves, soit parce que la défense, pour sauver DSK, utilisera n’importe quel moyen, y compris la disqualification de la victime présumée. On ne voit pas pourquoi de si grands enjeux, le FMI, l’euro, la présidentielle n’auraient nullement freiné une pulsion sexuelle, ni pourquoi un maître de la logique pourrait adopter un comportement illogique. On voit seulement que Martine Aubry, qui tente, comme chacun d’entre nous, d’absorber le choc, n’a aucune envie de parler de ce qu’elle va faire dans l’immédiat. Son ambition n’est pas si forte qu’elle en étoufferait son émotion.
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