KADIMA A FAIT un excellent score. Privéde son chef de file charismatique, Ariel Sharon, ce parti ne perd qu’un siège à la Knesset (Parlement), ce qui montre que Mme Livni a fait une bonne campagne, en dépit des pronostics qui plaçaient le Likoud en tête. La déception du centre et de la gauche vient plutôt de la défaite des travaillistes, qui ouvre la voie à une coalition de droite. Le président Shimon Peres n’a toutefois aucune raison de ne pas désigner Mme Livni pour qu’elle tente de former un gouvernement. Elle n’y parviendrait que si elle convainquait le Likoud d’entrer dans une grande coalition avec Kadima et les travaillistes. Il est peu probable que Benjamin Netanyahou accepte une telle proposition, non parce qu’il y aurait une solution au problème israélo-palestinien qui ne passe pas par la paix, mais parce qu’il veut reprendre le pouvoir qu’il a abandonné à la gauche en 1999.
Les effets pervers de la proportionnelle.
Deux raisons expliquent la confusion politique d’un pays dans lequel existe une majorité en faveur de la paix, mais qui est incapable de s’exprimer dans les urnes. La première est la proportionnelle intégrale qui, dès lors que 33 partis politiques se présentent aux élections et que 2 % des électeurs suffisent pour un siège à la Knesset, empêchent le rassemblement des voix autour d’un ou deux partis dominants. La seconde est que le mode de scrutin ne peut pas être réformé parce que les petits partis n’ont aucun intérêt à adopter le scrutin majoritaire. Il est probable que celui qui aura pour tâche de former une coalition épuisera le délai de 42 jours au terme duquel il doit présenter son gouvernement.
Israël a incontestablement basculé à droite, même si les notions de droite et gauche y sont différentes que dans le reste du monde. Le parti de M. Liebermann n’est certainement pas tendre pour les Palestiniens mais les mouvements très minoritaires se servent de leurs sièges pour obtenir des avantages du parti disposant de la majorité relative. Cela n’a rien à voir avec la guerre ou la paix. On ne saurait nier toutefois qu’un réflexe sécuritaire a guidé la majeure partie de l’électorat. De nombreux commentateurs reprochent à la population israélienne de céder à ce réflexe, mais ce sont lles mêmes qui jugeaient « disproportionnée » la riposte israélienne aux tirs de roquettes du Hamas sur Sderot et Ashkelon. Autrement dit, après avoir nié le droit d’Israël à la légitime défense, on lui nie le droit de se sentir en danger, alors que les roquettes continuent à tomber et que l’Iran construit des missiles à longue distance, tout en mettant au point une arme atomique, et que le Hezbollah menace le nord d’Israël.
Les Palestiniens ont toutes les raisons d’être déçus par la dérive droitière et sécuritaire des Israéliens ; en même temps, il est clair que les agressions du Hamas n’ont rien fait pour atténuer cette dérive. Même s’il s’agit d’un système dangereux qui empêche Israël de prendre ses rendez-vous avec l’Histoire, les élections à la proportionnelle intégrale sont ultra-démocratiques. On a voulu organiser des élections libres en Palestine, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza ; il y a des élections libres en Israël, la droite et l’extrême-droite conquièrent le pouvoir. Les quelque 60 % d’Israéliens qui sont prêts à échanger des territoires contre la paix ne souhaitent pas pour autant que les territoires restitués aux Palestiniens deviennent des bases militaires avancées. On entend et on lit encore que l’« erreur » d’Ariel Sharon fut d’évacuer Gaza sans associer le Fatah à cette évacuation. On ne voit pas très bien comment, si Mahmoud Abbas avait signé un accord sur Gaza, il aurait empêché le coup de force du Hamas qui l’a privé de toute autorité dans ce territoire. En revanche, comment ne pas comprendre que les Israéliens se sentent dupés par l’usage que le Hamas fait de Gaza et qu’ils se demandent maintenant si l’évacuation de la Cisjordanie n’entraînerait pas des conséquences aussi négatives ?
Si la simple arithmétique désigne Benjamin Netanyahou comme Premier ministre, le tableau géopolitique désigne Tzipi Livni. Elle a un plan pour obtenir la paix par une restitution des territoires, elle a déjà énormément négocié avec Mahmoud Abbas, et, lors de leurs pourparlers, les deux partenaires sont entrés dans les détails les plus infimes. L’Europe et l’Amérique de Barack Obama indiqueront, avec insistance (et même véhémence) au nouveau gouvernement israélien qu’il doit continuer la tâche commencée par Mme Livni. M. Netanyahou se targue d’avoir des affinités avec les États-Unis dont il a été autrefois citoyen. Mais il n’a pas d’affinités avec M. Obama et ne trouvera pas d’oreille complaisante en Europe. Mme Livni, au contraire, rassure tout le monde, y compris Mahmoud Abbas. Elle vient de montrer qu’elle ne transige pas sur la sécurité d’Israël. Si elle ne dirige pas le prochain gouvernement, on peut craindre un immobilisme sanglant pendant quelques années.
TZIPI LIVNI EST LA PLUS HABILITÉE À FAIRE LA PAIX, MAIS A-T-ELLE UNE CHANCE ?
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce