AUCUN PARTI POLITIQUE, en France ou dans le monde, n’a voulu priver les autorités américaines de leur victoire ; aucun n’a insisté (mais ça va venir) sur le danger de représailles contre lequelles l’administration américaine a déjà mis en garde les citoyens des États-Unis où qu’ils soient ; aucun n’a émis le moindre regret sur la mort d’un homme qui n’a jamais su faire que le mal et a enfin obtenu la seule rétribution qu’il méritât. Le gouvernement de M. Obama, contrairement à celui de son prédécesseur, n’a jamais révélé qu’il s’employait à trouver et à éliminer le chef terroriste, sinon pour dire que, bien entendu, si Ben Laden se retrouvait dans la ligne de mire d’un tireur américain, il serait abattu. L’exécution de Ben Laden a demandé huit mois de préparatifs minutieux, a été organisée par les seuls services secrets américains (qui semblent bien s’être passés des renseignements pakistanais) et a été accomplie en territoire étranger sans l’aval du gouvernement pakistanais. Lequel a fait contre mauvaise fortune bon cœur et a félicité les dirigeants des États-Unis, sans faire allusion, cette fois, à la violation de la souveraineté de son pays.
Un acte politique.
M. Obama n’a pas voulu courir de risques, sachant que Ben Laden avait des amis partout au Pakistan y compris au sein de l’armée et des services de renseignements, qui n’ont jamais cessé de jouer tantôt l’Amérique contre les Taliban tantôt les Taliban contre l’Amérique. Pour le président des États-Unis, l’exécution de Ben Laden est un acte politique de première importance. Elle montre en effet que, lorsque les républicains jurent de venger les États-Unis, ce sont les démocrates qui le font ; elle ridiculise un peu plus les campagnes diffamatoires du Tea Party contre le président, présenté comme un musulman qui ne serait pas né sur le territoire national ; elle prouve que la remise en ordre des services de renseignements américains est réelle et produit des effets spectaculaires ; elle indique que le chef de l’exécutif agit bien plus qu’il ne parle et peut aussi revêtir, mieux que M. Bush, l’uniforme du général en chef. Il est bien trop tôt pour prédire l’issue des élections de 2012, mais il ne fait pas de doute que Barack Obama a pris une avance sur d’hypothétiques candidats républicains dont aucun, à ce jour, n’a osé se déclarer vraiment. La fin de Ben Laden, annoncée deux jours après la publication du certificat de naissance de M. Obama, achève de discréditer Donald Trump, cet homme d’affaires soudain adepte de la calomnie à des fins électorales dont personne, même pas le Tea Party, n’était dupe.
UN EXPLOIT DONT OBAMA TIRERA LE PLUS GRAND AVANTAGE
Sur le front du terrorisme, on conviendra que la mort de Ben Laden ne modifie en rien le rapport de forces. Elle venge sûrement les victimes du 11 septembre et, de ce point de vue, elle est accueillie avec soulagement par leurs familles, tout en renforçant les liens entre les très nombreuses communautés qui composent la société américaine. Fous de colère, les djihadistes se livreront à des représailles, mais il faut bien dire que, chez eux, la violence et le crime sont naturels et qu’ils n’ont jamais eu besoin du moindre prétexte pour ensanglanter le monde. On conviendra également que Al Qaïda ne comptait plus sur Ben Laden (qui aurait eu de sérieux démélés avec son second, Ayman Al-Zawahiri) pour se livrer à des attentats un peu partout dans le monde et à des prises d’otages comme celles d’Al Qaïda Maghreb islamique (AQMI). Cette organisation détient encore cinq otages français quelque part dans le désert du Sahara; quant aux Taliban,ils retiennent deux journalistes français depuis presque 18 mois.
Mais l’histoire ne joue pas en faveur du terrorisme intégriste. Il est totalement absent des révolutions dans le monde arabe. Il entend souffler le vent d’une révolte qui, par sa nature, condamne tout ce que disent et font les islamistes, comme s’ils étaient déjà dépassés, comme s’ils cultivaient des idées qui n’ont pas le moindre rapport avec le désir de liberté des peuples arabes. On notera d’ailleurs que le terrorisme échoue toujours, qu’il soit d’extrême droite ou d’extrême gauche. Il a échoué pendant les années de plomb en Italie et en Allemagne ; auparavant, il avait été vaincu par la Russie tzariste ; il ne s’est livré qu’à de vaines tentatives au Japon, en Europe et en Asie ; il n’a guère fait avancer la cause palestinienne, bien au contraire. L’islamisme intégriste est gratuit parce qu’il n’a pu appliquer son programme qu’en Afghanistan, et encore très brièvement. Il n’est que sang, mort et douleur. Le plus étonnant, ce n’est pas que Ben Laden soit mort. C’est qu’il ait survécu près de 10 ans au crime innommable qu’il a commis.
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