L’EXCLUSION des homosexuels du don a déjà maintes fois été dénoncée par les associations de patients mais aussi par différentes instances comme le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) ou la HALDE. En décembre 2011, cette dernière, désormais intégrée au Défenseurs des droits, affirmait que la mise en l’écart des homosexuels était une « discrimination » en rappelant que le droit communautaire justifiait les exclusions du don de sang des personnes présentant un risque élevé d’être atteint d’une maladie infectieuse en « raison du comportement sexuel » et non « en fonction de leur orientation sexuelle ». La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a, elle-même, indiqué lors de la Journée mondiale des donneurs de sang, que la politique actuelle devait être revue : « La sécurité doit être évidemment assurée, il n’est pas question de prendre le moindre risque en terme de transfusion mais le critère ne peut pas être la nature des relations sexuelles » avait-elle déclaré. Une annonce saluée par le Conseil national du sida
Limites de la stratégie actuelle.
Le bilan publié dans le « BEH » pourrait fournir quelques éléments de réponse en vue d’une modification des critères de sélection des donneurs de sang tout en préservant la sécurité transfusionnelle. La surveillance épidémiologique des donneurs de sang montre une diminution continue des taux de prévalence et d’incidence du VIH, VHC, VHB et HTLV chez les nouveaux donneurs de 1992 à 2010. Depuis 1992, c’est pour le VHC que le risque résiduel a le plus diminué d’un facteur 30 mais il est stable depuis 2002. C’est ensuite pour le VHB que la baisse est plus forte avec une diminution d’un facteur 10 jusqu’en 2002-2004 suivie également d’une stabilisation. Pour le VIH, le risque a été divisé par 4 entre 1992 et 2001 pour se stabiliser ensuite.
Ces données témoignent de l’efficacité de la sélection des donneurs et même d’une « sécurité virale des produits sanguins labiles aujourd’hui optimale », relèvent Josiane Pillonel, Dominique Legrand et Sylvia Laperche. Mais, prévient George Andreu de l’Institut national de la transfusion sanguine qui signe l’éditorial de ce « BEH », cette longue période de stabilité, survenant après une période de baisse spectaculaire, « indique, avec les règles en vigueur et les modalités de communication actuelles avec les donneurs de sang, nous ne savons pas faire mieux ».
Ce d’autant qu’une autre donnée soulève la question des limites de la stratégie actuelle. Entre 2008 et 2010, 28 séroconversions VIH sont survenues chez les donneurs réguliers, représentant un risque de 1 sur 2 900 000 dons. Quatorze de ces 28 séroconversions concernaient des HSH. En dépit des mesures visant à les exclure du don, « la moitié du risque de transmission du VIH par transfusion en France est attribué aux donneurs de sang HSH », soulignent Vanina Heraud-Bousquet et col. qui ont cherché à évaluer l’impact sur le risque de transmission du VIH d’une nouvelle stratégie visant à n’exclure du don que les homosexuels multipartenaires (plus d’un partenaire au cours des 12 derniers mois).
Un risque multiplié par 4.
La mise en place de cette nouvelle stratégie pourrait aboutir à un risque de transmission allant de 1 sur 3 500 000 (hypothèse optimiste où tous les HSH multipartenaires seraient exclus du don) à 1 sur 700 000 dons (hypothèse pessimiste), soit en fonction de ces deux scénarii, un risque proche du risque actuel ou un risque 4 fois plus important qu’aujourd’hui.
Cette stratégie aboutirait à une augmentation du risque - éthiquement inacceptable, selon certains -, mais l’assouplissement des règles pourrait entraîner une plus grande adhésion des homosexuels - certains donnent leur sang sans signaler des relations homosexuelles - car jugé plus équitable. Des études qualitatives sont nécessaires afin d’« évaluer les motivations des HSH qui donnent leur sang malgré la mesure d’ajournement ainsi que leur observance face à une nouvelle stratégie ».
Vanina Heraud-Bousquet et col soulignent toutefois, que ces nouveaux critères seraient moins stricts que ceux mis en place à l’étranger. « Une stratégie consistant à accepter les HSH abstinents sur les douze derniers mois, comme vient de le mettre en place l’Angleterre, serait probablement le changement le plus acceptable parce que le risque additionnel semble extrêmement faible », concluent-ils.
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