LE GOUVERNEMENT peut encore nous surprendre en adoptant des mesures inédites ou en atténuant celles qu’il a déjà mentionnées. On croit savoir qu’il choisira une date de départ à la retraite retardée d’un à trois ans (entre 61 et 63 ans), qu’il envisage de contraindre les fonctionnaires à contribuer au même taux que les salariés du privé (soit une différence de 2,85 % qui rapporterait trois milliards aux régimes), qu’il taxera les revenus supérieurs à 11 000 euros par mois et par personne (ce qui ne touche pas grand-monde), qu’il ne fermera pas la porte à la notion de pénibilité du travail et qu’il peut rogner certains avantages accordés aux retraités, en particulier ceux contenus dans la réforme de 2003 et qui favorisent la reprise d’une activité professionnelle chez les retraités. Les syndicats, à l’unanimité, rejettent le principe même d’une prolongation des carrières. Le MEDEF propose des solutions drastiques propres à ménager les entreprises. Le gouvernement tente de trouver un juste milieu.
Meilleur instrument : le report de l’âge.
Il est inutile de tourner autour du pot. La réforme ne sera efficace et viable que si elle permet d’équilibrer les régimes en quelques années. Le meilleur moyen de parvenir à ce résultat est d’augmenter la durée de l’activité, donc de reporter à 65 ans l’âge légal de la retraite. Les syndicats et la gauche objectent que si les seniors travaillent trop longtemps, on ne pourra pas créer d’emplois pour les jeunes. Ils constatent que les entreprises se séparent de leurs employés âgés, parfois avant 55 ans. Mais si les seniors arrêtent de travailler cinq ans avant l’âge légal, c’est parce qu’on en fait des chômeurs indemnisés pendant cinq ans, qui se transforment en retraités à 60 ans. Cette méthode, qui consiste à faire payer par la collectivité les emolûments que les entreprises ne veulent plus payer, ne pourra pas être appliquée dix ans avant l’âge de la retraite. En fait, le report de l’âge légal se traduira par le report de la méthode.
ON ASSISTE EN FRANCE À UN IMMENSE DÉNI DE LA RÉALITÉ
On ne saurait reprocher au pouvoir de commencer à réduire les déficits de toutes sortes dont la France est accablée. Les fonctionnaires refusent de payer les cotisations au taux du privé sans jamais se demander comment, pendant des décennies, ils ont bénéficié d’un privilège féodal, en prenant dans la poche des salariés du privé une partie du montant de leur retraite. Il ne faut pas diviser les Français ? Le meilleur moyen de les unir, c’est encore de les soumettre aux mêmes règles. En dehors de tous les calculs électoraux, il nous faut un pouvoir qui dise enfin la vérité, à savoir que la crise nous a fait basculer des déficits à la faillite, que vivre au-dessus de ses moyens, c’est, quel que soit son revenu, ne pas payer assez d’impôts ou de cotisations sociales pour équilibrer les comptes. Certes, c’est l’État qui a organisé cette incurie, cette injustice et ces déséquilibres. Mais s’il veut s’amender, il n’est pas logique de s’y opposer. Or on a affaire en France à un immense déni de la réalité. On se moque des déficits. On veut cotiser moins pour obtenir encore plus de prestations. On ne voit même pas qu’on court au désastre et que, quelles que soient les convictions de chacun, un sou est un sou. Réformer les régimes de retraite, c’est protéger à la fois les actifs et les pensionnés. Renoncer à la réforme, c’est renoncer à la retraite par répartition, ce qui creuserait infiniment plus les différences de revenu.
L’affaire Boutin et la réaction sévère du gouvernement dans ce cas précis ont montré que le pouvoir, même celui qu’incarne Nicolas Sarkozy, a fini par comprendre qu’épargner les privilégiés est devenu insoutenable. Dans ce domaine, le gouvernement doit donner des gages à l’opinion, taxer davantage les banques, les bénéficiaires de bonus, les chefs d’entreprise, les revenus du capital. Il n’empêche qu’une tâche de ce genre produira les effets inverses de ceux que l’on escompte si elle n’est dictée que par une superficielle recherche de la justice sociale, au détriment des paramètres économiques. L’avenir n’est pas dans l’égalité absolue de tous les Français. Laquelle serait illusoire et riche de désastres potentiels. L’avenir est dans l’épargne, l’investissement, le dynamisme industriel dont le carburant est l’argent. Il ne faut pas l’oublier.
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