Le marché du générique en 2004

380 millions d'économies pour l'assurance-maladie

Publié le 12/05/2005
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Bonne nouvelle pour l'assurance-maladie : en 2004, les génériques auront permis « d'économiser 380 millions d'euros pour une qualité de soins identique ». Ce qui représente une économie de 550 euros par médecin généraliste et par mois si on la rapporte au coût moyen de prescription. Mais l'assurance-maladie se garde de tout triomphalisme et rappelle que « si le générique avait été utilisé chaque fois que c'est possible, une économie supplémentaire de 420 euros par mois et par généraliste aurait pu être réalisée ».
Plus généralement, l'assurance-maladie se félicite de voir que, en matière de génériques, « l'impact du retard culturel de la France s'amenuise ». En France, la promotion des génériques date en effet de 1996, alors que, en Allemagne, par exemple, elle a commencé dans les années 1980. Mais, depuis 2002, note l'assurance-maladie, la consommation des génériques a presque doublé en France. Une augmentation de la pénétration des génériques que l'assurance-maladie attribue à la disparition progressive des anciennes spécificités françaises, comme la protection plus longue des brevets, « car l'harmonisation au niveau européen de la procédure d'autorisation de mise sur le marché et de la protection des brevets a été parachevée en 2004 ».
Et l'assurance-maladie aligne une batterie de chiffres pour étayer ses dires. La part des médicaments génériques par rapport au total des médicaments remboursables est passée en volume de 8,4 % en 2003, à 10,4 % en 2004 et même à 14,3 % pour janvier 2005. En valeur, cette part était de 4,6 % en 2003, de 5,7 % en 2004 et 8,1 % en janvier 2005. Par rapport au total des médicaments du répertoire, la part en volume des génériques était de 38,7 % en 2003, de 51,8 % en 2003 et de 58,9 % en janvier 2005. En valeur, cette part était de 29,4 % en 2003, de 43,3 % en 2004 et de 47,9 % en janvier 2005.

Les promesses du Zocor.
Au chapitre des économies rendues possibles par les génériques, la tombée toute récente (samedi dernier) dans le domaine public du Zocor, des Laboratoires Merck, aura sans aucun doute des retombées extrêmement positives pour l'assurance-maladie. On estime en effet à 245 millions d'euros le chiffre d'affaires annuel de ce médicament. Et si celui-ci épouse les courbes de substitution du générique du Mopral, autre médicament phare génériqué depuis mai 2004, la simvastatine (nom de la molécule du Zocor) pourrait, elle aussi, atteindre des taux de substitution proches de 70 % avant un an. C'est-à-dire que 70 % des boites de Simvastatine vendues en France seraient des génériques.
Les statines (une famille de médicaments anticholestérol à laquelle appartient également le Tahor du laboratoire Pfizer) constituent un poste de dépenses en permanente augmentation (en 2003, le seul Zocor a occasionné 142 millions d'euros de remboursements par l'assurance-maladie), et leur prescription est en hausse d'environ 20 % par an depuis leur mise sur le marché il y a environ quinze ans.
Pour la seule simvastatine, les projections de la Fédération des syndicats de pharmaciens de France (Fspf) prévoient des économies en année pleine pour l'assurance-maladie de l'ordre de 60 millions d'euros. Les génériqueurs qui se sont engagés dans la fabrication de la Simvastatine sont déjà nombreux : Arrow, EuroGenerics, Merck Génériques, Qualimed, Sandoz, Winthrop, et Sanofi. Pour Pierre Leportier, président de la Fspf, « il s'agit là d'un très bon chiffre : nous avons fait réaliser des études dont il ressort que le marché du générique ne peut évoluer s'il y a moins de six offres génériques sur un même produit, car les pharmaciens ne travaillent pas avec tous les génériqueurs. A moins de six copies génériques, le taux de substitution ne peut être satisfaisant ».
L'assurance-maladie peut donc être satisfaite des perspectives du marché du générique. Pour autant, elle ne reste pas inactive et compte mener à court terme trois actions prioritaires. Elle projette tout d'abord de promouvoir les génériques auprès des assurés, notamment grâce à la lettre d'information qu'elle diffuse à 12 millions d'exemplaires. Une expérimentation de courrier d'information ciblée sur les assurés qui consomment peu de génériques est actuellement en cours. De plus, vers la fin du mois de mai, les médecins recevront une lettre d'information relative aux statines. Elle les informera de l'arrivée sur le marché des génériques de la simvastatine afin de les inciter à la prescrire. Une action spécifique est également envisagée en direction des médecins qui prescrivent peu de génériques : des délégués de l'assurance-maladie leur rendront visite et leur remettront une liste « personnalisée » des génériques disponibles pour les médicaments qu'ils prescrivent le plus souvent. Enfin, ces mêmes délégués de l'assurance-maladie iront rencontrer les pharmacies d'officine ayant un taux de pénétration de génériques « sensiblement inférieur à la moyenne nationale ».
Pour l'assurance-maladie, l'heure des grandes manœuvres en direction des génériques semble avoir sonné.

> HENRI DE SAINT ROMAN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7748