920 agressions déclarées en 2010, contre 512 en 2009 : du jamais vu dans de telles proportions ! Le Conseil national de l'ordre des médecins s'alarme de l'augmentation des incidents signalés par les médecins. Michel Legmann son président a en effet présenté mardi son enquête annuelle sur la violence qui recense tous les faits d'agressions verbales, menaces, vols, voire violences physiques signalés par les médecins généralistes et autres spécialistes.
Selon les chiffres collectés par Ipsos, pour le compte de l'Observatoire pour la sécurité du Cnom, les signalements des médecins ont tout simplement augmenté d’environ 80 % en un an ! « Une augmentation particulièrement préoccupante et significative » selon le cardiologue Bernard Le Douarin, en charge de l'Observatoire. Certes, les 920 praticiens concernés ne représentent que 0,46 % des 200 045 médecins « en activité régulière » en 2010. Et l’Ordre, qui encourage depuis 2003 les médecins à lui transmettre les incidents dont ils sont victimes, n’est pas pour rien dans cet essor des déclarations d’incidents. Pour autant, la croissance est importante, d’autant que le nombre d'incidents progresse de façon homogène dans presque tous les départements. Sans surprise, la palme de l’insécurité revient à la Seine-Saint-Denis, avec 79 signalements, suivie du Nord avec 70 déclarations. Mais la tendance est générale et confirme que les tristes « faits divers » dont les médias se sont fait l’écho ces derniers mois n’étaient pas des affaires isolées.
Autres motifs de préoccupation : même si les agressions verbales et menaces représentent, de loin, la plus forte proportion des incidents rapportés (63 %), devant les vols ou tentatives de vols (25 %), les agressions physiques (13 %) et le vandalisme (12 %), au total, les incidents signalés sont pour 72 % des atteintes aux personnes, pour 36 % des atteintes aux biens. Et l'agresseur (la plupart du temps c’est un homme) est une fois sur deux le patient. Dans 5 % des cas l'agresseur a utilisé une arme : arme à feu, mais aussi des armes blanches, des parpaings ou des barres de fer. Cette enquête confirme aussi que les médecins généralistes -qui totalisent 62 % des incidents- sont les plus touchés par la violence. Et le fait qu’ils soient la catégorie de médecins la plus représentée n’explique pas tout. Clairement, leurs conditions d’exercice plus exposées (visites, quartiers défavorisés) en font des victimes toutes désignées des agresseurs. Les ophtalmologistes (7 %), les médecins du travail (4 %), les psychiatres (3 %) et les dermatologues (3 %) sont ensuite les spécialistes les plus visés.
On relèvera enfin que si les médecins victimes sont encore majoritairement des hommes (56 %), la proportion de femmes agressées ne cesse de progresser d’année en année. Compte tenu de leur poids actuel au sein du corps médical, les femmes paraissent donc désormais plus exposées que leurs confrères masculins.
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