L’avenir semble prometteur en ce qui concerne la prise en charge de l’adénome de prostate. Tout d’abord, « une publication montre que l’utilisation du tadalafil (CialisR), en association avec un inhibiteur de la 5 alpha-réductase pourrait avoir un intérêt », avance le Pr Stéphane Droupy (CHU de Nîmes). Le premier ayant une action sur le muscle lisse et la fonction érectile (3/4 des patients présentent à la fois un adénome de prostate et une dysfonction érectile), et le second pouvant générer une dysfonction sexuelle. Son autorisation pourrait être délivrée dès l’an prochain. Par ailleurs, « une association dutastéride + tamsulosin (Combodart®) a obtenu son AMM cette année sur le marché européen et ne devrait prochainement être commercialisée en France » poursuit Stéphane Droupy.
Dutastéride aussi en prévention du cancer
Côté cancer, la publication de l’étude REDUCE laisse attendre, pour les très prochaines années, l’utilisation des inhibiteurs de la 5α-réductase dans la prévention du cancer de la prostate. En effet une diminution de 23 % du risque de cancer de prostate a été montrée chez des patients à risque traités par dutastéride. « Une fois que les éventuels inconvénients de ce traitement au long cours seront bien cernés, il restera à identifier la population qui pourra en bénéficier, vraisemblablement sur des critères d’antécédents familiaux et de taux-seuils de PSA à 50 ans », commente l’urologue.
Par ailleurs, un nouveau traitement hormonal antagoniste de la GnRH, le degarelix (Firmagon®) a été mis sur le marché cette année, pour le cancer de la prostate. Il nécessite une injection par mois. « Sa cible spécifique n’est pas encore définie mais il agit plus rapidement et baisse la testostérone de façon plus importante par rapport aux autres traitements » explique Stéphane Droupy.
Le robot doit faire des preuves
Quant aux recours chirurgicaux dans le cancer de la prostate, l’assistance robotisée reste encore à évaluer. "Il n’y a pas de preuve scientifique que le robot fait mieux que les traitements chirurgicaux classiques en terme de continence, de qualité d’érection ou de traitement du cancer, même si cela peut être la perception de certains patients et des chirurgiens qui l’utilisent. Aujourd’hui, plus de 85 % des interventions sur le cancer de la prostate sont robotisées aux Etats-Unis, mais cette innovation reste coûteuse. Le surcoût n’est pas pris en charge par l’assurance maladie, et rares sont les centres qui en sont équipés dans notre pays », avance l’urologue. En France, le traitement chirurgical robotisé ne représente que 15 % des interventions.
Quant au dépistage du cancer de la prostate, les chiffres qui guideront la fréquence du dosage de PSA en fonction de la dynamique des taux de PSA sont attendus dans les 2 à 3 ans à venir. La France reste dans le cadre d’un dépistage individualisé, et l’HAS indique clairement que la prescription du dosage de PSA doit être le choix du patient, après information par son médecin.
Enfin, les nouvelles recommandations dans le cancer de la prostate, sorties en novembre, ont validé le principe de surveillance active des cancers de petite taille, qui reste donc de mise, même si la tendance sera sans doute de resserrer les critères. « En effet, les résultats d’études canadiennes ont montré que 30 % des patients étaient sous-stadifiés : ils auraient dû être traités et non surveillés activement » relate Stéphane Droupy.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature