LES PERSONNES HANDICAPEES vieillissent. Dans les années 1950, la médecine enseignait que l’on pouvait tout au plus espérer qu’un enfant ayant une trisomie 21 atteigne une vingtaine d’années. Aujourd’hui, 70 % des sujets touchés vivront au-delà de 50 ans et, parmi eux, les sexagénaires sont déjà nombreux. Les commissions techniques d’orientation et de reclassement professionnel ont recensé 290 000 handicapés âgés, chiffre qui ne prend en compte que les femmes et les hommes de 60 ans reconnus invalides avant cet âge. Une autre évaluation fait état de 635 000 personnes âgées atteintes d’une déficience congénitale ou apparue lors de l’enfance ou de l’adolescence, voire de 800 000. L’Insee prévoit de 1 à 1 million et demi de personnes handicapées vieillissantes en 2040.
Leur prise en charge reste, pour l’essentiel, à adapter. Actuellement, la législation définit deux dispositifs distincts, l’un pour les handicapés, auquel on ne devrait guère se référer que par tolérance passé 60 ans, et l’autre pour les personnes âgées, dont les prestations financières et les services ont été conçus dans une «perspective gérontologique». Pour le Dr Paul Blanc, sénateur UMP des Pyrénées-Orientales, auteur d’un rapport commandé par le ministre délégué aux Personnes handicapées, rendu public le 11 juillet, la clé d’une longévité digne et humaine passe par des adaptations qualitatives des modes de vie et de prise en charge et par un processus de convergence des dispositifs « dépendance » et « handicap ». La loi du 11 février 2005 sur le handicap, de son côté, prévoit la suppression, d’ici à 2010, de toute distinction en matière de compensation et d’aide sociale à l’hébergement entre personnes handicapées en fonction de l’âge.
Une surveillance médicale régulière.
Concrètement, le parlementaire juge indispensable de mieux faire connaître les dispositions de la loi de 2005 assurant aux handicapés le bénéfice d’une continuité de droits à l’âge de 60 ans. Il recommande de sensibiliser les conseils généraux à la nécessité de mettre en conformité les règlements départementaux d’aide sociale avec la législation de 2005, en particulier à propos de la levée de limite d’âge dans les structures d’hébergement*. Pour la prise en charge des handicapés vieillissants et l’accompagnement de leur famille, la consigne est aux solutions diversifiées. Il faut, pour ce faire, «un usage plus souple, au niveau local, des enveloppes de crédit de l’assurance-maladie». Le Dr Blanc va jusqu’à suggérer une «formule de retraite progressive» pour les travailleurs handicapés. Les personnels d’encadrement devraient être, si nécessaire, plus nombreux et dans tous les cas mieux formés.
Enfin, le sénateur recommande une surveillance médicale plus régulière en établissement à l’âge mûr, tenant compte de chaque handicap comme des risques liés au vieillissement (bilans fonctionnels). Les taux de prévalence moyens de problèmes de santé «ordinaires» dans la population handicapée sont 2,5 fois supérieurs à ceux de la population générale. Le généraliste, qui a établi des liens avec le monde institutionnel, se voit attribuer un rôle majeur.
* Dix-neuf mille personnes de 60 ans et plus résident en institution pour adultes handicapés ou en établissement psychiatrique, et 216 000 du même âge présentant uniquement un handicap psychique vivent en milieu institutionnel.
Les réponses de Philippe Bas
•Instruction aux préfets pour qu’ils rappellent la règle du maintien dans les établissements, médicalisés ou non, des personnes handicapées (PH) vieillissantes.
•Réserver à terme au moins 10 % de places dans les projets d’extension ou de création de foyers d’accueil médicalisés ou de maisons d’accueil spécialisées, pour les PH de plus de 60 ans.
•Médicalisation des foyers d’hébergement de PH.
•Demande à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie de faire des propositionsde formules innovantes pour un accueil en maison de retraite médicalisée des parents âgés devenant dépendants avec leur enfant handicapé de plus de 60 ans.
•Réflexion sur la suppression des différences de traitement entre prestation de compensation du handicap et allocation personnalisée d’autonomie.
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