Le bilan de l’attaque chimique de mardi matin en Syrie s’établit pour l’instant à 86 morts dont 27 enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne et disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a depuis rappelé que les premiers rapports sur l’usage d’armes chimiques en Syrie sont apparus en 2012, puis se sont répétés à une « fréquence préoccupante ». L’OMS a travaillé depuis 2012 à la préparation des hôpitaux pour prendre en charge les victimes d’armes chimiques, formant des cliniciens sur le terrain et fournissant des équipements de protection. Mais « compte tenu du nombre de patients à traiter, le personnel disponible reste insuffisant », souligne l’organisation, qui rappelle que « l’usage d’armes chimiques constitue un crime de guerre et est interdit par une série de traités internationaux ».
De son côté, MdM « dénonce ces crimes contre l'humanité et les violations du droit humanitaire international ». L’association a fourni « des kits de protection et de l’atropine pour prendre en charge victimes et personnels soignants », indique sa présidente, le Dr Françoise Sivignon, dans un communiqué. Mais « la situation sanitaire est catastrophique et les populations vivent l’enfer depuis six ans », poursuit-elle.
Les services de santé sur place sont submergés et manquent de moyens (et en particulier de seringues d’atropine, antidote aux gaz neurotoxiques) pour soigner les victimes. Ils ont en plus « subi des dégâts du fait des conflits en cours ». De nombreux patients ont été transférés dans des hôpitaux de Turquie.
Probable gaz sarin
Mardi à 6 heures du matin, heure française, une attaque aérienne au gaz toxique a frappé une ville rebelle du nord-ouest de la Syrie, dans la province d’Idleb (ou Idlib), Khan Cheikhoun (ou Khan Shaykun). La nature du gaz n’est pas connue avec certitude mais les symptômes rapportés (évanouissements, vomissements, pupilles dilatées, convulsions, suffocations, présence de mousse dans la bouche des victimes) par les témoins sur place laissent supposer l’usage d’un gaz neurotoxique. L’équipe de Médecins sans Frontières (MSF) présente sur place affirme que les symptômes « concordent avec une exposition à un agent neurotoxique de type gaz sarin ».
Il s’agit d’un puissant neurotoxique, inodore et invisible et potentiellement mortel. Même sans être inhalé, ce gaz organophosphoré, par simple contact avec la peau bloque la transmission de l’influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. Il peut être utilisé en aérosol, notamment à partir de l’explosion de munitions, mais aussi servir à empoisonner l’eau ou la nourriture.
En réponse à cette attaque chimique attribuée au régime de Bachar Al-Assad, les États-Unis ont frappé de 59 missiles une base militaire syrienne jeudi.
(avec AFP)
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