AUJOURD’HUI, c’est la fête à Sikasso. Grand ciel bleu, tiédeur d’une matinée hivernale. Une estrade a été dressée sur la grande avenue de la ville ; les drapeaux tricolores flottent au vent, les banderoles frissonnent. Dans la tribune, une rangée de préfets et de sous-préfets, avec leur uniforme blanc et leur casquette dorée, côtoie une ribambelle d’élus ceints de leur écharpe. Les travées s’animent d’une agitation distinguée de boubous, de robes et de foulards multicolores.
Le ministre du Tourisme est venu assurer la promotion de cette région du Mali située aux confins de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. Des haut-parleurs ont été installés sur les réverbères ; un speaker joyeux annonce fièrement un « grand défilé exhibitionniste ». Pendant plus d’une heure, ce que l’Afrique a de plus aimable et coloré va parader au rythme des balafons : les masques sénoufo et bobo, les cortèges fleuris et les guerriers des temps anciens.
Le nom de Sikasso, cité sénoufo fondée au XIXe siècle par Mansa Daoula, viendrait selon les uns de Siga-so (« la maison du doute ») et, selon les autres, de Siga-ka-so (« la maison de Siga ») en hommage à une certaine Siga qui faisait le commerce d’hydromel. Par sa position géographique, cette région était condamnée à la guerre. La ville était encerclée par un mur d’enceinte édifié par le roi Tieba – le tata ou tarakolo – qui résista longtemps à l’assaut du grand conquérant Samory Touré, puis finit par être percée par les canons des troupes françaises en 1898. Le guide, qui fait visiter ce qu’il en reste – quelques monticules de pierre et de terre abandonnés depuis bien longtemps et ravinés par les pluies –, compare cette entreprise à la grande Muraille de Chine et se lance avec passion dans une épopée militaire qui tient plutôt de la légende que les enfants aiment à entendre avant de s’endormir.
Ainsi, Sikasso fait visiter les hauts lieux de son histoire : le mamelon dominant la ville, un endroit sacré où vivait un bon génie protecteur au temps des rois du Kénédougou ; le tombeau de Mansa Daoula, fondateur du royaume ; la mosquée de Missirikoro, un peu à l’écart de Sikasso, et le palais de Kélétigui Berthé. Ce dernier était le général qui commandait les troupes assiégées par les Français. Ses descendants habitent toujours dans cette grande maison ocre dont les murs épais apportent une fraîcheur bienfaisante.
A quelques kilomètres de piste, on se rend à la Porte du Soudan, la première voie tracée par le colonisateur pour entrer dans le pays. Elle est formée d’une montagne scindée, une sorte de vestibule. Le flanc droit abrite le mausolée des chefs coutumiers de Woroni. C’est un lieu sacré. Tout comme les chutes d’eau qui cascadent non loin. Les villageois sénoufos viennent s’y confier aux esprits et chaque année ils sacrifient en offrande un bélier ou un coq.
Escale à Ségou, sur la route du nord. Le Niger, que les Maliens appellent Djoliba en bambara (« le sang »), longe la ville avec nonchalance. Il a pris les teintes rougeâtres du soir ; une escadre de pirogues défile des filets sur ce miroir parfait. Vers la fin du XVIIe siècle, le royaume Bamanan s’est installé ici quand les derniers empires du Soudan s’évanouissaient. Il s’agissait selon la tradition orale d’un groupe de chasseurs qui s’érigea en Etat guerrier. Plus tard, la dynastie des Koulibaly, avec Biton Mamary (on peut voir sa tombe sur une place du village de Sekoro), jeta les bases d’un royaume qui atteint son apogée à la fin du XVIIIe siècle.
A cette époque, le médecin écossais Mungo Park est venu dans cette région après un long voyage éprouvant et périlleux. Il avait quitté les rives de la Gambie à l’époque où les sans-culottes prenaient la Bastille à Paris. Il fut sans doute le premier visiteur occidental à découvrir ce territoire inconnu de l’Afrique et consigna dans le récit passionnant de son périple – « Voyage dans l’intérieur de l’Afrique » – des témoignages saisissants sur l’organisation sociale des Bambaras et de leurs envahisseurs Maures, sur les querelles tribales, les royaumes, l’esclavage ( «En Afrique, les esclaves sont dans la proportion de trois contre un relativement aux hommes libres»).
Toujours plus au nord, suivant le fleuve qui s’enfonce dans le désert, des cités d’un autre temps : Mopti, Djenné, Gao et la mystérieuse Tombouctou. Le chroniqueur Abderrhaman Sadi célébrait cette dernière vers 1630 : «Ville exquise, pure, délicieuse, cité bénie, plantureuse et animée.» Aujourd’hui, elle fascine encore les voyageurs.
Pour partir
TRANSPORTS :
Point Afrique affrète des avions à des compagnies françaises pour organiser des vols charters au départ de Paris, Marseille et Mulhouse. Vol AR Paris-Bamako à partir de 340 euros HT.
Rens. : Point Afrique, 26, rue de la Grande-Truanderie, 75001 Paris, tél. 0820.830.255, www.point-afrique.com.
FORMALITÉS :
Passeport en cours de validité (+ 6 mois). Visa obligatoire obtenu sur place (25 euros).
SANTÉ :
Vaccination contre la fièvre jaune + traitement antipaludéen.
MONNAIE :
Le franc CFA (1 euro = environ 655 CFA).
CLIMAT :
Saison chaude (de mars à juin) ; hivernage (de juillet à octobre) ; saison fraîche (de novembre à février).
HORAIRE :
En avance d’une heure par rapport à la France.
HÔTELS :
Deux grands hôtels de classe internationale à Bamako : l’Hôtel Sofitel l’Amitié (chambre à partir de 104 euros la nuit) et le Kempinski El Farouk (à partir de 113 euros la nuit) ; l’Hôtel Djenné d’Aminata Traoré, pasionaria du mouvement altermondialiste (elle fut ministre de la Culture), offre des chambres décorées exclusivement avec des matériaux locaux (Chambre double de 45 euros à 60 euros la nuit). Tél. 221-30-82.
RESTAURANTS :
A Bamako, de nombreuses tables de cuisine occidentale, quelques restaurants asiatiques. Un restaurant africain mérite d’être essayé, le San Toro (repas à partir de 15 euros). Tél. 221.30.82).
SÉJOURS :
Chemin de Sable, qui fait revivre les voyages de légende en Afrique, propose plusieurs circuits au Mali : « Rencontres en pays Dogon », expérience unique grâce à une immersion totale au coeur de la falaise de Bandiagara pour vivre la vie au rythme des Dogons, 8 jours/7 nuits (à partir de 950 euros Paris/Paris) ; « Une vie chez les Dogons », le Mali offre ici son plus beau patrimoine avec un voyage au plus près de la population et de ses traditions, 8 jours/7 nuits (à partir de 895 euros Paris/Paris) ; « Senteurs et paysages maliens », de l’univers verdoyant et frais de la capitale aux couleurs rocheuses du pays Dogon, 8 jours/7 nuits (à partir de 1 090 euros Paris/Paris ; « Un bateau pour Tombouctou », huit jours sur le fleuve Niger au départ de Mopti (à partir de 1 090 euros Paris/Paris).
LIRE :
Guide Petit Futé : Mali (Olizane) ; Le Mali aujourd’hui (Jaguar) ; Guide du Routard Afrique noire.
RENSEIGNEMENTS :
– Ambassade du Mali, 89, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris, Tél. : 01.45.48.58.43, http://www.officetourisme-mali.com.
– Office du tourisme et de l’hôtellerie à Bamako. Tél. : (223) 222-56-73.
– Chemin de Sable, 2, rue de la Roquette, Cour de Mars, 75011 Paris. Tél. O820.391.438. et www.chemindesable.com
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature