BLANC. Le blanc éclabousse tout à peine passé le seuil de la porte qui conduit à la grande salle du théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes. Le blanc éblouit et dans cette proposition du théâtre des Treize Vents, centre dramatique national de Montpellier-Languedoc-Roussillon, la scénographie est un protagoniste essentiel. « Blancs » s'intitule ce spectacle qui lie en un parcours en trois stations « Ma Solange, comment t'écrire mon désastre, Alex Roux », extrait d'un long texte de Noëlle Renaude (éditions Théâtrales), « Clandestins » d'Emmanuel Darley, « Dors mon petit enfant » de Jon Fosse (L'Arche éditeur).
Gérard Didier a assuré la coordination d'une installation conçue collectivement. Trois espaces donc, qui élaborent des phrases différentes à partir d'un vocabulaire commun : draps blancs, costumes blancs, plumes blanches, bancs et éléments de décors blancs, proximité du spectateur et des acteurs, d'une position scène-salle assez classique jusqu'à l'encerclement en passant par un dispositif bifrontal qui serre les interprètes dans un étroit couloir. Une soixantaine de personnes peut suivre, d'un espace à l'autre, pour trois séquences qui vont diminuant en durée, le tout en une heure cinquante environ.
On passe de la fantaisie douloureuse mais allègre de Noëlle Renaude avec trois interprètes résolument engagées dans un exercice ludique, à trois femmes dans des habits d'hommes et soudain plus seulement du blanc, mais des nez de clowns et de grands manteaux qui les noient et des feutres bien enfoncés sur le crâne - qui semblent être dans un espace hors monde, limbes où demeurent les enfants morts avant d'être nés, comme on sait, trois femmes dans un bain de fumée, encerclées par les spectateurs. Et l'on passe d'un trio l'autre par le truchement d'une scène plus simple, jouée par trois hommes, dans une scénographie de passage, justement. Deux qui cherchent, du travail, une protection, et un surveillant.
« Huis clos » n'est pas loin.
Une proposition intéressante avec quatre interprètes féminines et trois interprètes masculins à saluer : Roxane Borgna, Fanny Rudelle, Christel Touret, puis Isabelle Fürst à la fin et Fouad Dekkiche, Babakar M'baye Fall, Luc Sabot. Et des questions qui demeurent en suspens. Sur ce blanc éblouissant dont parlent ceux qui auraient vécu le passage, ce passage jusqu'à l'au-delà d'une existence que l'on peut décrire et partager...
Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes, du mardi au samedi
à 20 h 30 sauf le jeudi à 19 h 30. En matinée le dimanche à 16 h
(01.43.28.36.36). Jusqu'au 22 mai. Durée : 1 h 50 sans entracte.
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