ON A PITIE des aveugles mais on se moque des sourds. Les troubles de l'audition restent une pathologie sous-estimée et les audioprothésistes une profession méconnue. Seuls professionnels de santé à posséder un registre de commerce, les audioprothésistes ont tenu leur 27e Congrès à Paris sous l'égide de l'Union nationale des syndicats des audioprothésistes français (Unsaf). L'occasion pour eux de plaider pour une meilleure prise en compte de ce handicap et de défendre l'image de leur profession.
Depuis le milieu des années 1990, les appareils d'aide auditive ont connu des progrès considérables, avec notamment l'introduction de la technologie numérique, qui a permis la miniaturisation des appareils, mais surtout la compression modulable du son et une meilleure filtration des bruits. Une révolution qui est restée discrète. On estime que 5 millions de Français sont malentendants, dont 360 000 souffrent de surdité sévère et 120 000 de surdité profonde. Mais seulement 1,5 million de personnes sont appareillées.
La pathologie évolue, il est vrai, de façon insidieuse. « Lorsque les premiers signes apparaissent, les patients préfèrent monter le son du téléviseur ou faire répéter leurs interlocuteurs : la reconnaissance du handicap est la première difficulté de la prise en charge », explique Catherine Catelin, audioprothésiste à Mont-de-Marsan. Mais le déni peut avoir des conséquences graves. « On ne sait pas guérir la surdité, rappelle le Pr Paul Avan (laboratoire de biophysique sensorielle, faculté de médecine de Clermont-Ferrand). Il ne faut pas attendre des années avant d'appareiller car, lorsque les circuits sont endommagés, la perte est irréversible. »
Une prise en charge à long terme.
Les aides auditives ne sont pas à proprement parler des prothèses puisqu'elles ne remplacent pas l'organe défectueux. Les appareils, même s'ils apportent un confort indéniable, sont donc nécessairement imparfaits. « Il faut prévenir les patients que l'on ne peut pas refaire la nature », insiste Francine Berthet, présidente du Syndicat national unifié des audioprothésistes. Une réalité parfois difficile à faire comprendre. « Il y a des distorsions de son inévitables, mais on va pouvoir atténuer les effets nuisibles grâce à la rééducation qui prend de plusieurs semaines à plusieurs mois », ajoute le Pr Avan. Cette prise en charge sur le long terme est indispensable. Faute de quoi, un patient sur dix, déçu, renonce à porter l'appareil pourtant onéreux qu'il vient d'acquérir. Le prix à la charge du patient reste d'ailleurs un obstacle considérable face à ce handicap. On ne trouve aucune prothèse en dessous de 1 000 euros et les appareils numériques les plus performants avoisinent les 2 000 euros. Une somme à multiplier par deux, pour équiper les deux oreilles. Pour les adultes, la Sécurité sociale rembourse selon un forfait de 199 euros par oreille. En Italie, les forfaits tournent autour de 650 euros et 1 600 euros en Suisse.
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