Le premier hôpital d’oncologie pédiatrique d’Irak a été créé à Bassora, ville du sud du pays frappée par une dramatique augmentation des leucémies ces quinze dernières années, après avoir été en première ligne de trois guerres en moins de trente ans. Depuis 1993, « le nombre de leucémies chez les enfants de moins de quinze ans a été multiplié par quatre environ », indique le Dr Janan Hasan, qui exerce dans le nouvel hôpital pédiatrique de Bassora, inauguré jeudi. « La plupart sont classés à haut risque, c’est-à-dire que leur chance de survie est faible », a-t-elle souligné en marge de l’inauguration, alors que s’agglutinent autour d’elle des parents en détresse, accompagnés d’enfants malades, le crâne souvent chauve à force de chimiothérapie. L’hôpital, construit grâce à des financements et des soutiens internationaux, a ouvert officiellement jeudi, mais fonctionne déjà partiellement depuis plusieurs mois.
« Cet hôpital est une avancée majeure », a déclaré le docteur, remerciant ceux qui ont participé à sa construction. « C’est un effort louable, mais nous manquons encore d’équipements de pointe, de laboratoires et de nombreux médicaments. Nous espérons les obtenir dans le futur. »
Une étude de l’Université de Washington, à Seattle, menée avec le soutien du Dr Hasan et celui du centre hospitalier universitaire de Bassora, a révélé que le nombre de leucémies recensées chez les enfants de la région a grimpé d’année en année entre 1993 et 2007.
Les auteurs de l’étude publiée par l’American Journal of Public Health, Amy Hagopian et Tim Takaro, ont décompté 15 cas de leucémie en 1993 chez les moins de quinze ans, un pic de 97 cas en 2006, et 56 cas en 2007. La pollution industrielle et les émanations des puits de pétrole voisins sont mises en cause. Mais aussi la situation de Bassora, qui s’est retrouvée en première ligne lors des trois principales guerres irakiennes : celle contre l’Iran de 1980 à 1988, la première guerre du Golfe en 1991, et l’invasion américaine de 2003.
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