Quoiqu’il arrive, les médecins ne paieront pas un centime de leur poche pour indemniser les victimes du Mediator. Xavier Bertrand s’est empressé d’éteindre, dès dimanche, une polémique naissante. Au lendemain d’un article paru dans Le Figaro samedi et qui laissait entendre que les médecins pourraient être solidairement responsables avec le laboratoire Servier de l’indemnisation, par exemple en cas de prescription hors AMM de cet antidiabétique, le ministre de la Santé a saisi l’occasion de l’émission C Politique sur France 5 pour assurer que, dans toutes les hypothèses, seul Servier mettrait la main au portefeuille. «Les médecins ne seront pas les payeurs. Je le dis très clairement » a déclaré le ministre dans l'émission de Géraldine Muhlmann. Alors que plusieurs centaines de plaintes ont été déposées à ce jour, le ministre a ainsi rassuré publiquement nombre des prescripteurs inquiets depuis plusieurs mois des suites possibles de prescriptions hors AMM de ce produit.
Un projet en conseil des ministres
De fait, un article du Figaro paru samedi confortait ces craintes. Selon une source anonyme citée par Le Quotidien, le dispositif d’indemnisation du Mediator qui doit être présenté mercredi en Conseil des ministres prévoyait que « les payeurs seront soit le laboratoire Servier, soit les médecins qui ont prescrit le Mediator hors des indications reconnues ». Autrement dit, des médecins qui auraient prescrit ce médicament, par exemple à des personnes désirant perdre du poids, auraient pu être sollicités. De fait, il semble bien que cette option consistant à mettre à contribution les médecins aussi ait été un temps envisagé par le ministère de la Santé. Xavier Bertrand ne l’a pas vraiment démentie, puisque, revenant sur cet article, le ministre de la Santé a estimé que celui-ci avait été rédigé « sur la base de documents préparatoires et pas à partir du texte en lui-même » qui sera finalement présenté en Conseil des ministres. Selon Xavier Bertrand, le Fonds public d'indemnisation des victimes prévoira finalement que « l'Oniam se retourne contre le laboratoire Servier. Point. Parce que c'est lui justement qui a produit le Mediator ». « L'Oniam ne va pas chercher la responsabilité d'un médecin » a-t-il insisté. Ce fonds d'indemnisation sera géré par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (Oniam).
Les syndicats de médecins devraient être rassurés par les propos de Xavier Bertrand ce week-end. Leurs réactions ont en effet été immédiates et indignées dès parution de l’article du Figaro. « Je trouve cela particulièrement scandaleux que l'on cherche des boucs émissaires dans cette affaire à travers les médecins prescripteurs » a déclaré sur Europe 1 Claude Leicher, président de MG France. « Nous avons des documents qui montrent que lorsque des médecins ont eu des doutes et ont interrogé le laboratoire, on leur a répondu que ce produit ne posait aucun problème particulier » a-t-il ajouté. Pour le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, cette « accusation directe des médecins » est « complètement grotesque ». « Si une institution doit être mise en cause, c'est celle qui a autorisé la vente du médicament, cela paraît logique. Le médecin arrive tout à fait en aval » estimait le président de la CSMF. Dans un communiqué publié lundi après-midi, la CSMF manifestait sa satisfaction, mais rappelait qu’elle «sera particulièrement vigilante sur le contenu du texte de création d’un fonds d’indemnisation des victimes du Médiator et veillera à ce que les médecins ne soient pas les lampistes d’une affaire dont ils ont été, il faut le dire avec force, eux aussi, les victimes.»
De son côté, le Pr Bernard Debré a, à son tour, estimé lundi, que « l'État aussi » devra mettre la main à la poche dans l'indemnisation de victimes du Mediator, mais « pas les médecins généralistes ». Le député UMP de Paris et urologue a évoqué notamment le rôle des agences sanitaires qui n'ont pas déremboursé, ni retiré à temps, il y a plus de dix ans, ce médicament.
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