« Il y a eu un avant et il y aura un après Mediator ». Xavier Bertrand a donné mardi le coup d’envoi de la réforme de la sécurité sanitaire. Jeudi 17 février, il a reçu au ministère de la Santé une grosse centaine d’acteurs de la santé pour le lancement des « Assises du médicament », dynamique de concertation qui doit se dérouler jusqu’à la fin du mois de mai et dont il confié l’animation à Édouard Couty. Le ministre de la Santé veut faire vite – il parle de « réformes radicales et très rapides » - mais entend aussi jouer la transparence et la concertation. Jeudi matin, il a explicitement demandé aux participants des Assises -représentants des médecins, pharmaciens, industriels, décideurs, chercheurs et financeurs- « de ne pas s’autocensurer » et en retour il leur a « garanti qu’il n’y aurait pas d’autocensure » sur leurs travaux. Pour preuve de sa volonté de transparence, le ministre a d’ailleurs promis que, non seulement le rapport de ces Assises sera rendu public, mais qu’il contiendra toutes les prises de position exprimées dans les groupes de travail, fussent-elles minoritaires.
Trois mois, six groupes de travail
Ces groupes de travail sont au nombre d’une demi-douzaine. Le premier planchera sur l’amélioration les conditions d’octroi de l’AMM sous la houlette de Jean-François Girard. Le second porte sur le renforcement du système de surveillance des médicaments, pharmacovigilance notamment : c’est la chercheuse Dominique Costagliola qui l’animera. Pour sa part, le Pr Hubert Allemand a été « embauché » pour réfléchir sur l’encadrement des prescriptions hors AMM. Et c’est une personnalité issue du monde des patients, Alain-Michel Ceretti, qui sera le chef d’orchestre du groupe sur l’information sur les produits de santé. L’ancien sénateur Claude Huriet reprend lui aussi du service pour l’occasion, avec une mission large : optimiser la gouvernance et clarifier les missions des organismes intervenant dans les produits de santé. Enfin, c’est un PU-PH, Éric Vicaut, qui animera la réflexion sur le renforcement du contrôle et de l’évaluation des dispositifs médicaux. Ces groupes de travail élaboreront des propositions sur l’évaluation, le suivi, l’utilisation et la promotion des produits de santé, affine, promet le ministère de la Santé « de garantir une sécurité optimale aux patients ». Les six groupes vont donc se mettre au travail sans tarder, certains dès la semaine prochaine, au rythme d’une réunion tous les dix jours, selon Édouard Couty, grand ordonnateur de ces Assises. Celui-ci a expliqué qu’il réunirait régulièrement un comité de coordination « pour assurer la cohérence des travaux des différents groupes ».
Des personnalités d’ouverture
Xavier Bertrand s’est donné là une ossature de choc pour mener la réforme annoncée de la sécurité sanitaire des produits de santé. Le ministre annonce des changements réglementaires ou législatifs à partir de l’été, dès qu’il aura reçu le rapport Couty, mais aussi le second rapport de l’IGAS (qui contiendra cette fois des propositions), sans oublier le rapport de la mission parlementaire sur le Médiator et les avis du tandem Bernard Debré-Philippe Even co-mandatés par l’Elysée. Mais le ministre promet aussi que, sans plus attendre, l’Afssaps va mettre en oeuvre les réformes internes nécessaires.
Ce sera notamment une des facettes de la mission confiée à Dominique Maraninchi. La nomination à la tête de l'Afssaps du cancérologue et actuel président de l'Institut national du cancer a été officialisée jeudi et sera publiée dans les tous prochains jours au Journal Officiel. Le ministre a souligné que le Pr Maraninchi, 61 ans, acceptait de relever le « challenge » de la remise en ordre de l'agence.
Sur la forme, on est frappé par le nombre et la diversité des personnalités mises en avant pour mener réflexions ou réformes. On soulignera notamment le recours à des personnalités reconnues : le Pr Jean-François Girard, qui fut DGS pendant de longues années, le Pr Hubert Allemand, patron du service médical de la Cnamts, à l’origine des premières alertes sur le Médiator, ou encore l’ancien sénateur Claude Huriet, auteur de la première loi sur la recherche biomédicale. La plupart de ces noms font l’unanimité. Certains sont étiquetés clairement à gauche comme Edouard Couty, qui fut à l’origne de la loi Evin sur l’hôpital. Et ce n’est peut-être pas fini. Un nouveau président du CEPS (Comité économique des produits de santé) doit être nommé « très prochainement » a dit Xavier Bertrand. Se murmure pour le poste, le nom d’une personnalité bien connue du monde de la santé et très proche elle aussi du Parti socialiste...
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