LE MAGAZINE « Décision Santé » a achevé ses Rencontres de l’hôpital 2006 par une ultime conférence à Paris, au cours de laquelle le ministre de la Santé a présenté ses objectifs en matière d’informatisation.
«La maîtrise de l’information est un axe stratégique de la modernisation de notre système de santé, (…) elle permet de réduire une non-qualité coûteuse tant sur le plan humain qu’économique», a commencé Xavier Bertrand.
Le ministre souhaite investir massivement pour relever le défi. Il a annoncé un milliard d’euros sur cinq ans pour le dossier médical personnel (DMP), qui s’ajoute aux deux milliards d’euros dépensés chaque année pour les systèmes d’information. Ce milliard supplémentaire devrait permettre de faire des économies notables. Car, comme l’a rappelé Xavier Bertrand, «les examens redondants ou inutiles représentent un surcoût estimé à plus d’un milliard d’euros par an –soit cinq fois plus que le coût du DMP– et les interactions médicamenteuses sont la cause de 350hospitalisations par jour».
Respecter le calendrier.
Le ministre de la Santé place beaucoup d’espoirs dans la mise en place du DMP. «Je fais un pari, j’espère qu’il sera gagnant», a-t-il déclaré, avant de faire le parallèle avec la réforme du parcours de soins : «On m’avait dit que le médecin traitant ne marcherait pas. Or, un an après, plus de 40millions de Français en ont choisi un.»
«Deux objectifs centraux sont d’ores et déjà atteints, l’accord sur le contenu et la validité technique», a en outre déclaré Xavier Bertrand. Ce qui lui fait dire que le calendrier fixé devrait être respecté. «Chaque citoyen qui le souhaite pourra ouvrir son DMP dans les délais prévus par la loi, au printemps 2007», a précisé le ministre.
L’informatisation en milieu hospitalier, autre priorité de Xavier Bertrand, bénéficiera elle aussi de moyens supplémentaires : 15 millions d’euros s’ajouteront aux 280 millions déjà programmés pour 2007. Et la part des dépenses d’informatique hospitalière devrait être portée à 3 % du total des dépenses hospitalières d’ici à 2012, contre 1,7 % actuellement. Entre autres objectifs, il s’agit de faire en sorte que 100 % des passages aux urgences soient informatisés d’ici à 2008 (contre 45 % aujourd’hui).
L’informatisation des hôpitaux et des cliniques est indispensable pour alimenter le DMP, a fait observer Xavier Bertrand ; c’est aussi un gage de qualité des soins, en permettant d’éviter les retards de diagnostic, les actes inutiles, les hospitalisations inadéquates et l’iatrogénie médicamenteuse.
Lors d’un autre colloque organisé cette fois par le journal économique « les Echos », en collaboration avec « le Quotidien », le ministre de la Santé est revenu sur les récentes déclarations de l’assurance-maladie, qui reproche à près de 300 établissements de santé de surfacturer abusivement certains actes pour augmenter leurs recettes (« le Quotidien » du 21 juin et du 4 juillet). Prudent, Xavier Bertrand a mis en garde contre d’éventuels amalgames ; il a demandé à la Cnam de lui fournir le détail de ces dérapages, qui portent sur une somme de 50 millions d’euros, et se refuse d’ici là à parler d’erreur ou de fraude.
Les priorités
A l’occasion de la journée annuelle de ses adhérents, le Groupement pour la modernisation du système d’information hospitalier (Gmsih) a annoncé qu’il poursuivrait sa mission de mise en cohérence, interopérabilité, ouverture et sécurité des systèmes d’information des établissements de santé publics et privés. Mis en place en 2000 pour cinq ans et prolongé de deux années supplémentaires, le groupement prévoit de se mobiliser sur des thèmes relatifs aux objectifs nationaux dont la mise en oeuvre est jugée primordiale pour ses adhérents.
Tarification à l’activité, mise en oeuvre de la classification commune des actes médicaux (Ccam), dossier médical personnel (DMP), urgences seront les principales thématiques du prochain plan stratégique que le Gmsih souhaite remplir en deux étapes de trois ans, correspondant à la durée de deux contrats d’objectifs et de moyens à mettre en place avec le ministère de la Santé.
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