Dans quel état d’esprit abordez-vous vos fonctions ?
Avec beaucoup d’enthousiasme et de curiosité intellectuelle. Je veux rendre hommage à mon prédécesseur, Laurent Degos. La HAS est devenue un pilier incontournable du système de santé, alors que celui-ci est actuellement agité dans un maelström suite au drame du Mediator.
Quelles sont vos priorités ?
Mes priorités, c’est trois mots : réactivité, efficacité et complémentarité. La HAS est une institution assez lourde à gérer : elle emploie plus de 400 personnes et recourt à 3000 experts. Certains lui reprochent de ne pas être assez rapide. Nous allons donc faire en sorte d’être encore plus réactifs. Ensuite, nos messages en direction des médecins doivent être beaucoup plus simples pour gagner en efficacité. Il faudra aussi s’intéresser davantage à l’impact de nos actions. Enfin, la HAS s’est développée très rapidement ces dernières années, mais elle n’est pas née dans le désert. La complémentarité doit être développée avec les autres agences et les nouvelles ARS.
Comment rendre les recommandations plus accessibles ?
Il faut qu’elles soient plus simples et plus synthétiques. On a déjà commencé à les réviser. Désormais elles s’attaquent directement aux problèmes et délivrent moins de messages généraux.
Pensez-vous qu’elles aient vocation à devenir un jour opposables ?
Il y a eu dans le passé des expériences assez néfastes sur des recommandations opposables.
Comment allez-vous travailler avec le collège de la médecine générale avec qui la HAS a signé un accord de partenariat?
Nous avons besoin de son expertise et qu’il fasse une partie du travail des recommandations de bonne pratique. Il y a un axe de travail important qui est le parcours de soins, notamment pour les ALD. La coopération interprofessionnelle est centrale pour les maladies chroniques, ainsi que l’éducation thérapeutique pour laquelle le généraliste va être au centre du système.
Y a-t-il assez de généralistes à la HAS ?
Dans le collège lui-même, il n’y a pas de généralistes. C’est peut-être un manque. Il y a un médecin libéral avec le cardiologue Jean-François Thébaut. En revanche, au comité de validation des recommandations les généralistes sont nettement majoritaires. On a effectivement besoin d’eux pour participer à nos travaux et nous aider.
La HAS est-elle prête pour le DPC?
Pour l’instant, les décrets d’application du DPC ne sont pas sortis et ils ne le seront probablement pas avant la fin des «Assises du médicament ». Mais nous sommes en ordre de marche. Les travaux avec les différents collèges de spécialités, dont la médecine générale, ont commencé. Pour le DPC, c’est comme pour tout, l’important est de savoir qui fait quoi. Le rôle de la HAS c’est de donner une méthode, de laisser les acteurs faire, puis de valider ce qu’ils ont fait.
Pensez-vous qu’un jour, on en viendra à accréditer les généralistes ?
Pour l’instant, on certifie des établissements de santé et on accrédite des professionnels dans les spécialités à risque. La question pour l’avenir est de savoir s’il ne faudrait pas certifier toute une filière de soins de l’hôpital jusqu’à la médecine générale. On n’en est pas encore là. Mais c’est une réflexion à mener.
Comment la HAS peut-elle améliorer la pharmacovigilance ?
La sécurité vis-à-vis du médicament et des produits de santé en général, c’est le rôle de l’Afssaps. Pour l’instant, les remontées proviennent essentiellement de l’hôpital. Les médecins de terrain pourraient avoir un rôle à jouer dans le déclenchement de signaux d’alerte, mais c’est du travail. Par ailleurs, il nous semble indispensable de maintenir une commission de transparence à la HAS indépendante de l’Afssaps parce que ce n’est pas le même métier. Nous nous occupons d’évaluer l’intérêt thérapeutique, l’Afssaps s’occupe du rapport bénéfice/risque et de la vigilance. Les deux démarches sont complémentaires. Il faut qu’il y ait un deuxième regard mais en même que nos travaux soient interconnectés. J’ajoute que la réflexion sur le SMR ne peut pas être complètement déconnectée des considérations économiques. Un produit qui n’apporte rien de nouveau et qui est plus cher n’a évidemment pas d’intérêt.
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