Les syndicats des médecins libéraux ont été présents aux rencontres avec les urgentistes hospitaliers, organisées récemment par l'union régionale des caisses d'assurance-maladie de Bretagne (Urcam) et l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH). Mais, il y a quelques jours, déception : lors d'une nouvelle réunion, seulement deux organisations libérales, le SML et la FMF, avaient fait le déplacement de Quimper. En effet, la Csmf et MG-France ont décliné l'invitation au tout dernier moment . « On nous avait pourtant dit que tous les syndicats seraient représentés », s'étonne aujourd'hui le D Franck Garden-Breche, du Collectif des urgentistes bretons et responsable du SAMU 35.
Ce n'est pas cependant rédhibitoire pour l'organisateur de cette rencontre, le Dr Eric Henry, président du SML du Morbihan, « puisque nos revendications sont issues de la plate-forme des propositions négociées entre associations départementales de permanence des soins ». On se souvient, pourtant, que le Dr Jean-Yves Hascoët, de la CSMF, avait appelé à « rester crédible » (« le Quotidien » du 8 avril).
Vers une expérimentation.
Pour le Dr Franck Garden-Breche, « les libéraux présents voulaient qu'on aille dans le même sens qu'eux, en mettant sur la table à nouveau les mêmes questions que la semaine dernière. On a l'impression qu'ils ont voulu nous piéger. De toute façon, il ne s'agissait que d'une réunion de travail. Sur l'organisation des gardes après minuit, personne n'était mandaté pour prendre de décision. Il nous faut attendre l'accord tarifaire (conclu depuis - Ndlr) pour connaître les possibilités de rémunération. En attendant, on s'est mis d'accord sur l'expérimentation pendant deux mois d'une régulation libérale entre minuit et 8 heures, qui doit démarrer le 1er mai dans les quatre départements. L'Urcam a un budget pour la financer, mais on attend toujours de voir s'il y a des volontaires chez les médecins libéraux». Cependant, cette rencontre n'a pas répondu à tous les espoirs que les urgentistes plaçaient en elle.
Résultat : leurs six représentants sont repartis fâchés. « Cette réunion est nulle et non avenue », déclare même le Dr Franck Garden-Breche.
« Les urgentistes s'attendaient à ce que les médecins libéraux se remettent au travail à l'issue de la réunion, explique pudiquement le Dr Eric Henry. Ils ont été déçus. »
On semble s'éloigner à grands pas de la collégialité que tous les participants espéraient. Et les divergences, qui avaient fait l'objet d'échanges intenses la semaine dernière, refont surface. Quand le représentant du SML évoque la « nécessaire réorientation vers la médecine de ville des 40 % de l'activité des urgences qui relèvent de la médecine générale, en régulant mieux leur activité », le porte-parole du Collectif des urgentistes bretons souligne le fait que, « si personne n'assure de garde entre minuit et 8 heures, on doit renvoyer vers les urgences. Dans l'histoire, certains ont l'impression que nous voulons leur prendre leur travail. Mais on en a largement assez aux urgences ! Et le nouveau décret le stipule encore clairement : le centre 15 est géré par le Samu. Les libéraux n'en sont pas propriétaires ».
Dans ce climat, aucune date pour une nouvelle réunion n'a été arrêtée. Les urgentistes préviennent : « La prochaine fois qu'on sera sollicités, ce sera non, ou il faudra qu'il y ait des interlocuteurs plus fiables. Car, finalement, on se demande si les libéraux présents étaient réellement représentatifs des médecins. »
La question de l'organisation de la PDS devra donc attendre encore. Là aussi, on est loin d'une solution à l'amiable. Le nombre d'effecteurs qu'il faut mobiliser par département ne fait pas l'unanimité. Les libéraux proposent entre six et huit médecins. Selon les urgentistes, impossible de fonctionner à moins de dix-sept dans le Finistère, et de douze dans les Côtes-d'Armor et l'Ille-et-Vilaine. Qui tranchera ?
A l'hôpital, l'Amuf campe sur ses positions
LA GRÈVE des urgentistes hospitaliers n'inquiète plus le ministre de la Santé. Elle « va s'arrêter bientôt », a-t-il déclaré vendredi sur France 2. Sur quoi s'appuie Philippe Douste-Blazy pour faire cette prédiction ? Sur les taux de mobilisation enregistrés au bout de près de deux semaines de grève - le ministère compte 35 % de grévistes dans les CHU, 60 % dans les centres hospitaliers - et sur l'effet escompté des efforts consentis par ses services, notamment une rallonge budgétaire de l'ordre de 15 millions d'euros. « On met les moyens. Aujourd'hui, on est sur la bonne voie », assure le ministre.Du côté de l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France), à l'origine de la grève, on compte bien plus d'urgentistes mobilisés que le ministre - 70 % dans les CHU et 90 % dans les centres hospitaliers - et, surtout, on est moins enthousiaste. Après une nouvelle réunion au ministère, faute de « garanties » suffisantes, le syndicat n'a pas sonné la fin du mouvement. L'Amuf réclame « une augmentation substantielle du l'enveloppe du plan Urgences 2005 au-delà de celle qui a été proposée » ; elle continue de demander aux pouvoirs publics l'assurance que la directive européenne qui distingue gardes passives et effectives ne s'appliquera pas ; elle souhaite que le ministre s'engage à ne pas fermer de lits d'hospitalisation l'été prochain. L'organisation rappelle, par ailleurs, qu'elle s'oppose aux conditions d'application de la tarification à l'activité (T2A) dans les services d'urgence et conteste la réforme du statut des praticiens hospitaliers signée « par deux organisations minoritaires ».
Reçue à plusieurs reprises par Jean Castex, patron au ministère de la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), l'Amuf souhaiterait maintenant que Philippe Douste-Blazy la « reçoive dans les meilleurs délais ». Pour elle, le ministre est devant ses « responsabilités ». S'il faillit, il se heurtera à « des difficultés prévisibles aux urgences, notamment l'été prochain et pour la permanence des soins ».
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