DE NOTRE CORRESPONDANT
LES URGENTISTES bretons auront-ils été rassurés par les positions défendues par leurs confrères libéraux durant la réunion provoquée mercredi par l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH) ?
Difficile de répondre. Bertrand Avez, délégué régional de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, avait clairement appelé de ses vœux une révision de la décision des médecins libéraux de ne plus assurer leur garde après minuit et à partir de mai (« le Quotidien » d'hier).
En tout cas, cette rencontre entre libéraux et urgentistes, avec des représentants de l'ARH et de l'union régionale des caisses d'assurance-maladie (Urcam), aura au moins permis de « laver son linge sale en famille », selon les termes du Dr Jean-Yves Hascoët, président de l'union régionale des médecins libéraux (Urml).
D'après lui, « les urgentistes acceptent de dire que les difficultés des urgences ne proviennent pas seulement de la question de la permanence des soins ». Le Dr Eric Henry, président du SML du Morbihan, qui assistait à cette réunion, rapporte les propos d'un urgentiste, lequel a souligné que « l'engorgement des urgences n'est pas dû aux libéraux car le problème est bien plus profond. On a applaudi. Les rancœurs des uns et des autres se sont exprimées. Et malgré cela, on a pu ensemble obtenir des avancées ».
Mais si deux des trois revendications mises en avant par les urgentistes ont été entendues par les médecins généralistes, la troisième, qui concerne l'épineux problème de la présence de ces derniers sur le terrain entre minuit et 8 h, bute encore sur des aspects financiers et matériels.
Jusqu'à aujourd'hui, seul le Finistère possède un système de régulation libérale après minuit en Bretagne. Il a été entendu qu'une telle organisation allait être étendue aux trois autres départements de la région. Et cela très rapidement, pour, selon le Dr Jean-Yves Hascoët, « régler ce problème jusqu'au 30 juin ». Le dispositif sera financé par le Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (Faqsv), sur la base de 3 C de l'heure, et couvrira la totalité de la nuit, de 20 h à 8 h, et le samedi et le dimanche.
« Maintenant, on va devoir trouver les régulateurs des centres 15, ajoute le Dr Philippe Le Rouzo, délégué de MG-Morbihan. Ça va être difficile. »
Information des usagers.
Le deuxième point abordé durant la réunion, et soulevé encore par les urgentistes, c'est une meilleure information des usagers sur l'utilisation des numéros et des services d'urgence. Entre autres pour réaffirmer que le 15 est un outil créé pour répondre aux demandes de soins non programmées. Un moment débattue, l'idée d'un numéro d'urgence à l'usage exclusif des médecins libéraux a été écartée.
Enfin, la troisième revendication des urgentistes, autour de la question d'un « service minimum de la PDS » proposé par le Dr Bertrand Avez et qui aurait l'avantage de les rassurer sur la bonne volonté de leurs collègues généralistes à effectuer leurs gardes nocturnes, a soulevé beaucoup de débats.
Le SML et MG ont demandé que les médecins de garde entre minuit et 8 h soient rémunérés 3 C de l'heure, dotés d'un véhicule et accompagnés d'un pompier pour des raisons de sécurité.
L'Urcam a refusé net cette proposition. « L'Urcam et l'ARH veulent que l'on incite nos confrères à se porter volontaires, explique le Dr Philippe Le Rouzo. Mais nous n'avons pas d'autorité sur eux. Et on ne va pas travailler gratuitement pour une mission qui est d'intérêt général. »
La réunion n'a donc pas permis de trouver de solution pour les gardes nocturnes. Il y a pourtant urgence. Dans le Finistère, depuis vendredi 1er avril, près de la moitié des 820 médecins généralistes libéraux ont prévenu qu'ils n'assumeraient plus de gardes après 23 h. « Et 10 à 15 effecteurs se manifestent chaque jour auprès de l'Ordre pour annoncer qu'ils arrêtent aussi », souligne le Dr Jean-Yves Hascoët. « Il faut surtout continuer la concertation en attendant de connaître les règles du jeu avec la publication du décret, puis de l'avenant conventionnel. Et rester crédible dans nos demandes. Je pense qu'une rémunération équivalente au salaire brut d'un urgentiste hospitalier serait correcte. »
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