L’association, désireuse d’aller dans ce sens, a commandé pour la deuxième année consécutive une étude (Krisis 2) réalisée par Ipsos auprès de généralistes sélectionnés en fonction de leur attitude face au dépistage : ceux qui en parlent et qui dépistent leurs patients, ceux qui se sentent mal à l’aise pour en parler et examiner, et ceux qui préfèrent s’en remettre aux urologues. Les résultats montrent qu’il y a encore des progrès à faire dans ce domaine. Car la majorité d’entre eux (surtout les femmes) disent qu’ils sont gênés avant d’interroger leurs patients en raison des connotations négatives liées à la prostate. Beaucoup avouent également ne pas être à jour à l’égard des pathologies de la prostate et souhaitent un soutien plus ferme des spécialistes et des institutionnels de santé pour faire face à ces nouvelles responsabilités. «Le médecin généraliste manque de moyens techniques et de termes scientifiques pour engager le dialogue avec son patient à ce sujet», ajoute Yves Bardan, chargé du développement des études qualitatives chez Ipsos. Ce dernier encourage une meilleure formation du généraliste, mais aussi toutes sortes d’actions visant à améliorer le suivi des hommes de plus de 50 ans. «La journée nationale vise à faire en sorte que la prostate ne soit plus un sujet tabou», dit-il.
L’une des solutions pourrait être également la création d’un carnet de santé chez les quinquagénaires et leurs aînés, correspondant à « un kit d’entretien » (prostate, surpoids, tension, etc).
Un dépistage plus précoce.
Même si le cancer de la prostate se déclare en général après 50 ans, il est souvent facile de le diagnostiquer avant l’apparition des premiers symptômes. «Le cancer de la prostate naît en général de dix à quinze ans avant l’apparition des premiers symptômes», note Jean-Louis Davin, de l’AFU. «C’est surtout le cas chez les hommes qui présentent des facteurs de risque et chez les patients d’origine afro-antillaise», précise-t-il.
Les moyens de dépistage reposent essentiellement sur le toucher rectal et le dosage du PSA (antigène spécifique prostatique), protéine uniquement produite par la prostate et présente dans le sang en petite quantité. Examen clinique simple et totalement indolore, le toucher rectal est un geste pourtant appréhendé par de nombreux médecins généralistes. La prostate est en effet l’un des éléments du corps qui rassemble le plus de connotations négatives (sexuelles, scatologiques, dégradantes, etc.). «Il faut encourager les médecins à pratiquer ce geste. Car certains d’entre eux se contentent d’un dosage de PSA ou d’une échographie. Cela ne suffit pas! Dix pour cent des cancers présentant un taux de PSA normal sont diagnostiqués uniquement par un toucher rectal», ajoute le Dr Davin. Quant au dosage du PSA, il rappelle que, en dessous de 4 ng/ml, il est recommandé aux patients de pratiquer le dépistage à intervalles réguliers et que, au-dessus, il faut effectuer des examens complémentaires pour confirmer ou infirmer la présence d’un cancer. Toutefois, pour le spécialiste, la cinétique de la PSA est plus importante que son taux lui-même. D’où l’importance d’un suivi régulier par l’intermédiaire du généraliste.
La campagne « Et votre prostate, vous y pensez ? ».
En plus de la Journée nationale consacrée à la prostate, le 21 septembre, un Numéro Indigo (0.820.366.110) permettra les 21 et 22 septembre de renseigner le public. Une vaste campagne d’affichage mettant une jeune femme blonde qui interpelle le patient sera également mise en place. Les affiches seront envoyées à 69 000 généralistes, 23 000 pharmaciens et à tous les urologues. En région, des réunions d’enseignement postuniversitaire et d’information pour les médias régionaux seront organisées par les urologues.
Informations : www.urofrance.org.
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