LA CATASTROPHE de la centrale de Fukushima, au Japon, a provoqué une ruée sur les pastilles d’iode en France. La Pharmacie centrale des armées (PCA), qui centralise la fabrication (non rentable pour les laboratoires privés), a ainsi reçu des centaines d’appels de particuliers et d’officines désireux de s’en procurer. « La Pharmacie centrale fabrique les comprimés, elle ne les diffuse pas », a dû préciser le médecin-chef Denis Gutierrez. La production actuelle est de 55 000 plaquettes de 10 comprimés de 65 µg par jour, quatre jours par semaine, et n’a pas été augmentée.
Très sollicité également, le Pr Didier Houssin, directeur général de la Santé, a tenu à rassurer la population. En dehors d’une exposition à des rejets d’iodes radioactifs, a-t-il précisé dans un communiqué, l’ingestion d’iode est inutile, voire déconseillée. Or, à ce jour, l’Europe n’est pas touchée.
110 millions de comprimés.
Il a cependant rappelé le dispositif prévu pour faire face à une telle situation, qu’il s’agisse d’une catastrophe à l’étranger ou de rejets d’une centrale française. Des comprimés d’iode ont été distribués à la population dans un périmètre de 10 km autour des sites nucléaires français. Une campagne a eu lieu fin 2009 : les particuliers concernés pouvaient retirer leur comprimé dans les pharmacies sur présentation d’un bon fourni par les autorités.
D’autre part, l’État a constitué des stocks, en cours de renouvellement, pour protéger, en cas de besoin, la population ne vivant pas près d’une centrale. Une commande de 110 millions de comprimés a été passée en 2009 à la PCA, qui en a déjà livré la moitié à l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (ÉPRUS). Ce dernier est en mesure de mettre s’il le faut ces comprimés à la disposition des préfets, qui ont organisé des plans de distribution à la population. Un exercice grandeur nature réalisé en juin dernier autour de la centrale de Civaux (86) a permis de vérifier le bon fonctionnement du système et d’adapter certaines procédures. Des informations sont disponibles sur le site www.distribution-iode.com.
Les événements du Japon ont relancé la polémique sur la sécurité des 143 réacteurs nucléaires européens (dont 58 en France). Des tests de résistance doivent être réalisés. Un conseil extraordinaire des ministres de l’Énergie aura lieu lundi à Bruxelles. Par ailleurs, la France a de nouveau proposé ce jeudi au Japon son « offre de coopération massive » en matière nucléaire. Et Areva et EDF ont affrété un avion transportant 100 tonnes d’acide borique (substance permettant d’empêcher la réaction nucléaire) et du matériel de protection, dont 10 000 combinaisons, 20 000 paires de gants et 3 000 masques de protection.
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