«CINQ MILLIONS de Français ont un problème avec l’alcool. Et si les autres, c’était vous?», dit la nouvelle campagne de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) consacrée à la consommation excessive d’alcool. En 40 secondes, le film « la Boucle », diffusé jusqu’au 20 mai à la télévision, met en scène des situations quotidiennes et anodines. Un premier homme, Christian, prend la parole et explique qu’il n’a pas de problème avec l’alcool, contrairement à son ami Michel. Les portraits se succèdent, et chacun se défausse sur un proche, supposé plus concerné par le problème que lui, et la «boucle» se referme sur Christian. Sans faire peur, ni culpabiliser, le film agit comme un déclic psychologique, une prise de conscience préalable à un changement de comportement. Le spectateur est invité à demander des réponses aux questions qu’il se pose en appelant le numéro d’Ecoute Alcool, 0.811.91.30.30.
Cinq spots radio rappellent les seuils de consommation à risque et tentent d’infirmer les idées reçues les plus répandues sur l’usage des boissons alcooliques. «Je tiens bien l’alcool, je ne suis jamais ivre», «Je ne bois jamais d’alcool fort», «Je ne bois jamais en dehors des repas», «Quand je fais des excès, le lendemain c’est oublié», entend-on.
Le généraliste, « interlocuteur légitime ».
Chaque conversation se déroule dans un cadre de consommation classique : un verre entre amis dans un bar, un apéritif, un déjeuner entre collègues ou en famille. Une voix extérieure combat l’idée reçue, en rappelant systématiquement que, «au-delà de trois verres par jour pour les hommes et de deux verres pour les femmes, l’alcool augmente les probabilités de cancers, de cirrhoses et de maladies cardio-vasculaires». Ces messages ont aussi pour objectif d’inciter les ignorants à se bouger : «Vous avez des questions sur votre consommation? Votre médecin traitant est là pour y répondre.» L’un des cinq spots s’adresse aux femmes enceintes : «Zéro alcool pendant la grossesse.»
Selon une enquête du ministère de la Santé*, 30 % des personnes vues en consultation par des praticiens libéraux présentent une alcoolisation excessive. Les généralistes sont donc particulièrement bien placés pour repérer ce type de comportement. Pourtant, aborder un tel sujet peut apparaître comme une intrusion dans la vie privée, même si une étude menée en 2002 montre que 88 % des patients jugent que leur médecin serait un «interlocuteur légitime et naturel»*. Afin d’assurer un relais d’information dans les cabinets médicaux, on leur a envoyé des dépliants « Alcool, votre corps se souvient de tout », contenant des données sur les dangers et des équivalences entre différents types de boissons alcooliques.
Près de 14 % des Français, soit 7 % des femmes et 20 % des hommes, reconnaissent avoir bu de l’alcool tous les jours en 2005, principalement au cours des repas. Quarante-cinq mille décès sont attribuables aux verres de trop, ce qui en fait la deuxième cause de mortalité après le tabac. La consommation excessive est à l’origine d’un décès sur sept chez les hommes et d’un sur trente-trois parmi les femmes. Elle agit également comme facteur associé dans l’apparition de nombreuses pathologies et elle est impliquée dans 29 % des accidents mortels de la route, dans 50 % des rixes, dans 60 % des actes de criminalité, dans 20 % des délits et dans 10 à 20 % des accidents du travail.
* Dress, n° 40, juin 2005 et « la Revue du praticien - Médecine générale », tome 17, n° 611 du 21 avril 2003.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature