UNE CAMPAGNE nationale d'appel aux dons du 20 novembre au 8 décembre, la construction d'un nouveau bâtiment prévue pour 2010 sur le site de la rue du Docteur-Roux (Paris 15e)... : l'Institut Pasteur, vieux de cent vingt ans, fait peau neuve sous la houlette de sa directrice générale Alice Dautry. Et pour cause.
L'institut a beau se prévaloir d'une réputation de sérieux scientifique reconnue dans le monde entier, 15 % des Français seulement connaissent son statut de fondation privée d'utilité publique qui l'autorise à lever des fonds via des campagnes caritatives. Ce sondage Sofres effectué cet été a mis le feu aux poudres. Le budget de l'Institut Pasteur, comme toute fondation dévolue à la recherche de pointe, est serré et les modes de financement de l'institution ne sont pas exponentiels, contrairement au coût du matériel engagé. Avec les matériels de pointe nécessaires, « la recherche dans le domaine des sciences de la vie revient de plus en plus cher », explique A. Dautry. Pour ne pas faire pâtir des avancées décisives du manque d'argent, l'institut multiplie les stratégies pour accroître son financement. Traditionnellement, Pasteur compte sur trois sources de revenus : l'Etat, les redevances perçues sur les brevets, les partenariats, les dons et les legs. Or les subsides de l'Etat sont passés de 50 à 30 % de l'ensemble du budget en vingt ans. Non « qu'il se désintéresse de l'Institut Pasteur, mais sa participation reste stable tandis que les frais de la recherche augmentent sans cesse ».
Afin de rester au plus haut niveau, l'institut développe donc une politique « à l'américaine » qui lui permet aujourd'hui de rivaliser avec les grands campus des Etats-Unis. Alice Dautry a poursuivi la valorisation du patrimoine de l'Institut Pasteur commencée par son prédécesseur, Philippe Kourilsky. A l'orée des années 2000, les brevets historiques arrivaient à échéance. Mais en favorisant les redevances perçues sur les brevets auprès des industriels, Ph. Kourilsky et A. Dautry l'ont sorti de cette mauvaise passe financière.
La campagne média lancée aujourd'hui enfonce un peu plus le clou : l'Institut Pasteur change de stratégie et modernise son image. Outre les spots télévisés et la création d'une page Web (santevoyage.org), il mise sur sa mobilité avec des actions hors les murs, notamment à la Défense, « le poumon économique de la France » ( dixit Sylvain Coudon, directeur de la communication). Il y prodiguera, du 20 au 22 novembre, des conseils auprès des salariés de cinq grandes entreprises (GAN, IBM, Ernst & Young...), grands voyageurs de par leur activité professionnelle et donc davantage exposés que d'autres aux maladies infectieuses.
Cette campagne de mobilisation et la commercialisation d'un « compagnon de voyage » (un kit prévention pour la santé du voyageur) ont pour objectifs de financer l'achat de matériel et de favoriser les nouveaux projets de l'Institut Pasteur. « Pour les très gros équipements, nous les partageons au niveau national avec d'autres organismes comme l'Inserm ou le Cnrs. C'est le cas pour le centre de séquençage. Mais certains sont indispensables au jour le jour. Notamment les microscopes de pointe, qui reviennent à quelques 500 000 euros. Et il nous en faut des dizaines », insiste encore A. Dautry.
En outre, l'Institut Pasteur défend un projet phare : un laboratoire pour mettre au point un vaccin pédiatrique.
En changeant son image, l'Institut Pasteur n'a pas pour autant bradé ses missions.
Rens./ www.pasteur.org ou santevoyage.org.
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