Impossible de parler de laits infantiles sans avoir précisé au préalable que le lait le mieux adapté au nouveau-né et au nourrisson est le lait de sa mère. Les progrès technologiques permettent néanmoins aujourd'hui de proposer des formules, la plupart du temps élaborées à partir du lait de vache, se rapprochant de la composition du lait maternel.
Ces laits infantiles doivent obéir aux dispositions réglementaires européennes (91/321/CEE et 96/4/CEE), traduites secondairement en droit français. Les termes de « maternisé » et de « humanisé » ont disparu, faisant place à trois catégories de laits infantiles : les préparations pour nourrissons (1er âge), les préparations de suite (2e âge) et les laits de croissance (de 1 à 3 ans).
Les préparations pour nourrissons sont destinées aux enfants pendant les quatre à six premiers mois de leur vie.
Un profil protéique amélioré
On distingue trois types de préparations selon la nature des protéines utilisées (protéines de lait de vache, hydrolysats partiels de protéines et protéines de soja).
Les préparations pour nourrissons le plus communément utilisées sont celles faites à partir de lait de vache. Il en existe de nombreuses formes qui se différencient selon l'apport de protéines, le rapport caséines/protéines solubles, la nature et la quantité des sucres apportés, la qualité du mélange lipidique et l'ajout éventuel de pré- ou de probiotiques.
La plupart des industriels ont diminué les teneurs en protéines. Récemment, un nouveau procédé industriel (utilisé par Novaïa) a permis d'obtenir un profil d'acides aminés comparable à celui du lait maternel et donc de réduire l'apport protéique à 12 g/l, avec une bonne rétention azotée et une charge osmotique rénale moindre. Par ailleurs, la teneur en caséine, qui varie d'un lait à l'autre, détermine la vitesse de vidange gastrique. En coagulant dans l'estomac, elle en ralentit la vidange et augmente la satiété ; toutefois, en excès, la caséine peut favoriser la constipation.
Des formules de plus en plus sophistiquées
Les apports glucidiques sont la plupart du temps constitués d'un mélange dextrine-maltose-lactose (et rarement de lactose seul), avec des teneurs variables en lactose. On peut ajouter du saccharose (sans dépasser 20 % des glucides totaux), du sirop de glucose et de l'amidon précuit ou gélatinisé exempt de gluten (sans dépasser 2 g/100 ml).
Concernant les lipides, leur teneur moyenne est de 35 g/l et leur composition peut être ou non exclusivement végétale. Les laits sont enrichis en acides gras polyinsaturés. Le lait Enfamil Premium Lipil est enrichi en acides gras polyinsaturés à longue chaîne (acide docosahéxaénoïque - DHA - et acide arachidonique - ARA) au même taux que le lait maternel.
Enfin, certaines préparations contiennent désormais des prébiotiques (ingrédients alimentaires non digestibles dont la présence dans la lumière intestinale stimule la croissance d'une flore considérée comme bénéfique) ou des probiotiques (micro-organismes capables de modifier la flore intestinale avec un bénéfice pour la santé), afin de reproduire l'écosystème intestinal des enfants nourris au sein.
Laits HA et préparations à base de soja
A côté de ces préparations pour nourrissons aux protéines de lait de vache, il en existe d'autres avec des protéines différentes. Les laits hypoallergéniques (HA), à base d'hydrolysats partiels de protéines, sont proposés à titre préventif, dès la naissance, chez les nouveau-nés à risque atopique (antécédents familiaux d'allergie) et doivent être utilisés jusqu'à 6 mois, âge auquel est débuté la diversification. Les laits HA sont parfois également proposés en complément transitoire lors de l'initiation d'un allaitement maternel.
Enfin, les préparations à base de protéines de soja ont des indications limitées : réalimentation dans certaines diarrhées sévères du grand enfant ou, en deuxième intention, dans l'allergie aux protéines du lait de vache après essai d'un hydrolysat poussé de protéines et après 6 mois.
Pour accompagner la diversification
Les préparations de suite correspondent à la période de diversification (de 4-6 mois à 9-12 mois). L'introduction progressive d'autres aliments que le lait (qui représente encore l'essentiel des apports) risque d'induire certaines carences (acides gras essentiels ou fer) et certains excès (protéines, graisses saturées). La formule des préparations de suite tient compte de ces risques : teneur en protéines moindre que le lait de vache ; apports de graisses végétales et en acides gras essentiels ; apports en fer. Jusqu'à 9-12 mois, l'enfant doit boire au minimum de 500 à 750 ml/jour de ce type de lait.
Au-delà de 1 an, l'enfant peut théoriquement manger de tout. Toutefois, le passage trop rapide au lait de vache demi-écrémé expose à certains déséquilibres : excès de protéines, déficit en vitamine D, déficit en acides gras essentiels, déficit en fer... Les laits de croissance ont une teneur en protéine réduite ; ils fournissent des sels minéraux et les vitamines dont l'enfant a besoin (calcium et vitamine D) ; sont enrichis en fer et en acides gras essentiels et permettent d'augmenter progressivement l'apport glucidique.
Pr Jean-Pierre Chouraqui, gastro-entérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques, CHU Grenoble.
Communication de la 45e Journée annuelle de nutrition et diététique.
Quelques produits spécifiques
La composition des laits pour enfants de faible poids de naissance (moins de 2 200 g) est adaptée à la physiologie digestive du prématuré et au besoin de rattrapage de croissance de ces nourrissons.
Les laits fermentés, caractérisés par une acidification biologique du lait sous l'action de bactéries fermentaires secondairement tuées, comportent une caséine finement floculée mieux tolérée. A teneur en lactose souvent réduite, ces lait (Calisma, Gallia lactofidus, Pelargon) sont proposés en cas de troubles digestifs mineurs (coliques, troubles du transit).
Les laits épaissis ou « AR » comportent de l'amidon (maïs ou riz) ou de la farine de caroube, l'objectif étant d'augmenter la viscosité pour diminuer la fréquence et le volume des régurgitations. certaines de ces préparations sont désignées sous le terme de « confort ».
Les laits sans lactose ont des indications limitées. Ils sont utilisés transitoirement lors de la réalimentation de certaines diarrhées aiguës prolongées, ou en cas d'intolérance au lactose chez l'enfant plus grand.
Enfin, les diètes semi-élémentaires, ou hydrolysats extensifs de protéines (Alfare, Galliagène, Nutramigen, Peptijunior, Prégomine), sont des préparations dont les protéines ont subi une hydrolyse poussée et dont le sucrage est à base de dextrine-maltose et d'amidon sans gluten, sans lactose. La plupart comporte des triglycérides à chaîne moyenne. Leurs indications sont très précises : réalimentation de diarrhée aiguë chez le nourrisson de moins de 3 mois ; diarrhées graves prolongées, diarrhées rebelles ; syndrome de malabosorption globale ou lipidique ; syndrome du grêle court ; mucoviscidose ; cholestases chroniques ; allergie aux protéines du lait de vache.
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