Pour sa première prise de parole officielle en tant que nouveau président du Leem (Les Entreprises du médicament, le Medef de l’industrie pharmaceutique), Christian Lajoux a frappé fort. Certes, le Leem annonce depuis longtemps que les plans d’économies gouvernementaux finiront par mettre à mal la capacité des laboratoires à innover et à investir en R & D (recherche et développement). L’organisation patronale redoute aussi les effets du plan d’économies pour 2007 que la Cnam (Caisse nationale d’assurance-maladie) vient de proposer au gouvernement, et qui prévoit de faire sur le médicament des économies supplémentaires de 480 millions d’euros, après les 2,1 milliards d’euros demandés sur la période 2005-2007.
Entre 0 et 1 % de croissance.
Mais c’est la première fois que le Leem, par la voix de son président, annonce un risque de récession du secteur pharmaceutique à court terme. «L’année 2005, précise Christian Lajoux, est encore marquée par les tendances satisfaisantes des années précédentes, mais elle annonce la tendance à la récession de l’année 2006, manifestée au premier semestre.» Effectivement, selon les chiffres présentés par Christian Lajoux, la croissance du marché remboursable en ville, pour les cinq premiers mois de l’année 2006, est tombée à 1,7 %, contre plus de 6,5 % en 2004 et en 2005. Pour Christian Lajoux, «cette brutalité de l’inflexion va peser sur les investissements et l’emploi. La France est particulièrement vulnérable alors qu’elle est fortement productrice et employeur en Europe». Pis encore, «l’industrie pharmaceutique devrait avoir un taux de croissance compris entre zéro et 1% cette année, c’est-à-dire qu’elle devrait connaître une récession, une fois qu’auront été appliqués les taxes et les prélèvements sur le chiffre d’affaires du médicament», a-t-il ajouté. Selon les chiffres du Leem, les signaux envoyés par les résultats de 2005 laissent entrevoir des lendemains qui déchantent pour l’industrie pharmaceutique : le solde de créations d’emplois a été divisé par 3 par rapport aux années précédentes, et, s’il y a eu 12 plans sociaux dans l’industrie pharmaceutique en 2005, 9 sont déjà en oeuvre sur les cinq premiers mois de 2006.
Rencontre avec le directeur de l’Uncam.
«Dans ce contexte, a estimé Christian Lajoux, nous réclamons une politique industrielle qui prenne en compte la contribution d’ensemble du secteur à l’économie et à la société. On va s’apercevoir que le médicament a un rôle majeur en termes d’indépendance sanitaire et stratégique, et que sa valeur ajoutée industrielle pourrait en faire un de nos points forts, si on l’encourageait davantage.»
Preuve que le Leem prend au sérieux les nouvelles menaces d’économies supplémentaires qui pourraient être demandées au secteur, Christian Lajoux a annoncé qu’il rencontrera «dans les prochaines semaines» le directeur de la Cnam, Frédéric van Roekeghem. La première rencontre «non informelle» avec le Leem, selon Christian Lajoux, depuis que le directeur de la Cnam a pris ses fonctions.
Une étude sur les cinq marchés européens
Selon une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), les ventes de médicaments aux officines ont atteint près de 70 milliards d’euros dans les cinq principaux marchés européens, à savoir la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne.
En France, les ventes de médicaments par habitant ont atteint en 2004 la somme de 284 euros (244 euros pour l’Allemagne et environ 200 euros pour les trois derniers pays). Pour ces cinq principaux pays européens, la première classe thérapeutique est celle du traitement de l’appareil cardio-vasculaire, avec, au premier plan, les statines et les inhibiteurs de la pompe à protons. Côté prix moyen des médicaments, c’est au Royaume-Uni qu’ils sont au meilleur marché, et en Italie qu’ils sont les plus chers.
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