Exposition Odilon Redon

Comme dans un rêve...

Publié le 29/04/2011

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Crédit photo : ©RMN J Bernard

Son œuvre reste une énigme et c’est ce qu’il voulait. Sans lui l’art moderne ne serait pas ce qu’il est - et pourtant il est bien moins connu que ses contemporains. Il faut dire que les expos qui lui sont consacrées sont rares (la dernière remonte à 1956). Alors, précipitez-vous au Grand Palais pour vous plonger dans le monde onirique, fantastique, fantasmagorique d’Odilon Redon (1840-1916) – à travers une rétrospective remarquable de plus de 180 œuvres. Un petit garçon solitaire dans la propriété familiale de Peyrelebade (Gironde) dessine sans cesse. Et lorsque le botaniste Clavaud lui parle de Darwin mais aussi de Flaubert, Baudelaire ou Edgar Poe, les rêves de l’adolescent qui porte aussi une immense admiration au peintre Delacroix prennent une étrange tournure. Une tournure encouragée par son apprentissage chez le graveur Rodolphe Bresdin, un marginal de génie. « Dans le rêve », son premier album de lithographies paru en 1879, est à l’exact opposé de l’esprit naturaliste, réaliste et positiviste d’alors. C’est le début de ses fameux « Noirs », fusains et lithographies, où il explore un monde extrêmement étrange et dérangeant, peuplé de formes et d’eaux originelles, de monstres, de soleils noirs, de profils de lumière et d’anges déchus, d’araignées souriantes, d’yeux-montgolfières. Huysmans, Mallarmé, Verhaeren le portent aux nues. Il devient une figure emblématique du symbolisme – avec son ami Gauguin. Puis, autour de 1900 et inexplicablement, les noirs font place à une couleur chatoyante, vivante, de plus en plus intense, à travers l’huile et surtout le pastel. Bouquets merveilleux de « fleurs de rêve », portraits énigmatiques, natures mortes sensuelles… Un éblouissement. Mais qui êtes-vous donc, monsieur Redon ?

(*) « Odilon Redon, « Prince du rêve ». Grand Palais, 3, avenue Eisenhower, Paris VIIIe. Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 20h. Nocturne mercredi et vendredi jusqu’à 22 h. Tél. : 01.44.13.17.17.

Claude Libert