Championne de l’énergie nucléaire, la France compte trois réacteurs de plus que le Japon. Cinq centrales sont situées sur des zones à risque sismique au moins modéré tandis que cinq autres sont sur des côtes à risque de raz-de-marée. Autant dire qu’un scénario à la japonaise ne peut pas totalement être exclu en France, même si, depuis vendredi dernier, les ministres de l’Industrie et de l’Ecologie se sont voulus rassurants.
Mercredi, le Président de la République a réaffirmé au conseil des ministres la « pertinence?» du choix nucléaire. « Ce choix a été indissociable d'un engagement sans faille pour assurer un très haut niveau de sûreté pour nos installations nucléaires?», a affirmé Nicolas Sarkozy. Le gouvernement a néanmoins annoncé le contrôle de l’ensemble du parc tandis que les écologistes veulent relancer le débat sur la sortie du nucléaire.
Mais en cas d’accident, quel rôle les généralistes auraient-ils à jouer ? A vrai dire aucun. S’il existe bien un plan NRBC pour répondre aux risques nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques, il concerne pour l’essentiel les services d’urgences. « Il n’y a pas d’implication particulière des médecins libéraux en phase d’urgence après un incident?», confirme l’Autorité de sûreté nucléaire. Les plans d’urgences en cas d’accident sont mis en œuvre sous la responsabilité du préfet. Ainsi, les généralistes comme le reste des habitants dans un rayon jusqu’à 20 km autour d’un site nucléaire peuvent se procurer en mairie les documents sur les « plans particuliers d’intervention?».
Evacuation et confinement
Les principales mesures sont les consignes de confinement chez soi et d’ingestion du comprimé d’iode. Les habitants sont informés par des sirènes qui diffusent des codes particuliers. Le Préfet peut également décider de l’évacuation des habitants autour d’un périmètre plus important autour de la centrale. La distribution de l’iode passe par les pharmaciens. Mais selon le site de l’ASN, www.distribution-iode.com, seul 59,4% des personnes habitants autour de la centrale de Fessenheim ont retiré leur iode en pharmacie. « En soi, cela semble plutôt normal que la coordination de l’urgence dépende du préfet, remarque le
Dr Abraham Béhar, président de l’Association des médecins français pour
la prévention de la guerre nucléaire. En revanche, je ne vois que les médecins de famille pour répondre aux inquiétudes de la population dans les semaines qui suivent une catastrophe» .
Pas de doctrine post-accident
A l’ASN, la gestion de la phase post-accidentelle est encore en réflexion. Cette phase recouvre « les conséquences de nature variée qui devraient être traitées sur le court, moyen, voire le long terme, en vue d’un retour à une situation jugée acceptable », peut-on lire sur son site. Ce qui comprend l’évaluation des conséquences radiologiques et dositométriques et le suivi sanitaire des populations. En 2009, l’ASN s’était fixé deux ans pour aboutir à l’élaboration d’une doctrine.
« Pendant longtemps, ce sont nos collègues physiciens qui ont dirigé la sécurité nucléaire, explique le Dr Béhar, radiobiologiste Or une contamination radioactive chronique n’est jamais homogène. La notion de groupe de patients à risque dans ce domaine n’est pas encore bien comprise. » Dans les études de médecine, l’impact sanitaire des accidents nucléaires est très brièvement abordé en quelques heures. Après la catastrophe de Tchernobyl, le Conseil régional de l’Ordre d’Alsace avait mis en place une formation post-universitaire auprès des généralistes, c’était une très bonne idée. Mais ce programme n’avait pas duré.
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