Un article concernant le respect du temps de travail pour les internes m'incite à rebondir.
En effet, je me rends compte d’un important changement de mentalités dans notre société. L’avènement des 35 heures a été la source de nombreuses rancœurs au sein des professionnels de santé. La mise en place, et son respect pour ces derniers (médecins surtout) est impossible à effectuer même en milieu hospitalier.
Bien entendu, en secteur libéral nous oublions cette problématique, car les 35 heures c’est une illusion. Outre la charge de travail qui ne cesse d’augmenter (le nombre de praticiens de terrain étant plus faible), nous devons assurer de nombreuses tâches administratives (lesquelles deviennent de plus en plus importantes).
Les nouvelles générations de médecins refusent d’adhérer à cette idée. Tout comme les patients ils ne veulent pas sacrifier leur vie professionnelle, et insistent pour préserver leur vie privée. Dans un sens je comprends très bien ce choix qui est égalitaire. Pourquoi les médecins n’auraient pas les mêmes avantages horaires que les fonctionnaires ?
Cependant, je reste dubitatif lorsqu’ils réclament (lorsqu’ils sont sur le terrain) des aménagements horaires. À mon avis, pour mieux appréhender toutes les facettes d’une profession, il reste indispensable d’avoir une implication forte et superposable à celle de son maître de stage (qui assure la formation). Sans cette volonté, nous passerons à côté de vraies valeurs qui font la beauté de notre métier.
Être médecin, ce n’est pas être un technicien qui va donner rapidement un diagnostic et un traitement. Le praticien doit aussi, et avant tout, écouter le patient et connaître la base de la communication avec ce dernier. Or il me semble que si la question des horaires (il est sûr qu’il faut éviter les exagérations) est posée en premier, nous allons passer en libéral à côté d’un des aspects le plus passionnant de notre pratique : l’écoute du patient.
Sans cela la médecine du futur sera une médecine comptable et uniquement « symptomatique ». Elle sera exempte de compassion, et ne prendra plus en compte les véritables demandes (pas forcément exprimée, mais qu’il faut savoir extirper) des patients. Alors, il faudra être attentif aux répercussions que pourra engendrer cette nouvelle façon de pratiquer la médecine. Les conseils ordinaux devront enregistrer des plaintes de plus en plus fréquentes de patients incompris, et les jeunes médecins devront faire face à leurs responsabilités vis-à-vis de cette prise en charge. Bien entendu cela se fera avec plus ou moins de facilité ; certains prendront conscience de leurs fautes et devront être aidés du fait d’un burn out.
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