DANS UNE LETTRE au « BMJ », trois médecins du service ORL de l’hôpital de Middlesex (Royaume-Uni) rapportent le cas d’une jeune fille de 15 ans qui a été victime d’une fulguration alors qu’elle se trouvait dans un parc londonien, où elle utilisait son téléphone portable par temps orageux. La victime en asystolie a été prise en charge rapidement, ce qui a permis une réanimation efficace.
Un an après la fulguration, la patiente ne pouvait se déplacer qu’en chaise roulante en raison d’un tableau associant un déficit moteur à des troubles cognitifs. En outre, elle présentait des problèmes émotionnels et une baisse de l’audition de l’oreille droite en rapport avec une perforation tympanique et une surdité de conduction.
Les auteurs signalent que dans la littérature une telle observation clinique n’avait jamais été rapportée jusqu’à présent, mais que trois cas mortels ont été signalés dans la presse grand public en Chine, Corée et Malaisie.
Le coup descendant négatif.
Ce sont les cumulo-nimbus – nuages en forme d’enclume d’une surface de plus de dix kilomètres carrés – constitués de gouttes d’eau à leur partie inférieure et de particules de glace à leur pôle supérieur qui sont à l’origine des phénomènes orageux en raison de leur différence de polarité entre les deux pôles. Lorsque la charge électrique du nuage devient suffisante pour provoquer la rupture diélectrique de l’air, il se produit une prédécharge peu lumineuse qui naît à la base du nuage et se dirige vers le sol. Arrivée à quelques dizaines de mètres du sol, la prédécharge ne rebondit que sur un objet faisant saillie et se transforme en prédécharge ascendante qui remonte vers le nuage. La rencontre de ces deux prédécharges induit un courant électrique intense : le coup de foudre. Différents types de coup de foudre ont été décrits, mais le plus fréquent reste le coup descendant négatif. On parle de fulguration lorsqu’une personne est soumise à un arc électrique lié à la foudre (l’arc est en rapport avec la différence de potentiel entre la partie supérieure du corps et le sol). Le passage de cet arc au travers du corps conduit à des manifestations pathologiques, on parle d’électrisation, alors que, lorsqu’il induit un décès, le patient est électrocuté.
Deux types d’effets.
On décrit des coups de foudre directs différents selon le type de foudre (ascendant ou descendant), l’électrisation de contact (lorsque le corps humain est en contact direct avec un élément conducteur, lui-même directement foudroyé) et l’éclair latéral (lorsqu’une personne au contact de la terre s’abrite sous une structure conductrice recevant elle-même un coup de foudre direct). L’électrisation peut induire deux types d’effets : des effets électriques (cardiaques, musculaires et neurologiques) et des effets thermiques (brûlure ou rhabdomyolyse). Généralement, après avoir été frappé par la foudre, le sujet est en état de mort apparent lié soit à un tableau d’asphyxie, soit à une syncope. Aux lésions neurologiques, cardiaques et cutanées s’ajoutent des lésions oculaires, des signes auditifs et des lésions traumatiques secondaires par projection ou chute.
La conduite à tenir face à une fulguration n’a rien de spécifique : il s’agit d’une réanimation cardio-vasculaire, dont la précocité conditionne le pronostic. Les brûlures doivent aussi être prises en charge de façon classique (refroidissement, emballage stérile et protection thermique). L’hospitalisation en soins intensifs doit être systématique afin d’établir un monitorage strict de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque.
« British Medical Journal » vol. 332, p. 1513, 24 juin 2006.
Majoration de l'excitabilité cérébrale
L'équipe de neurologues du Dr Paolo Rossi (Fatebenefratelli, Italie) a demandé à 15 jeunes volontaires de sexe masculin de téléphoner avec un portable durant 45 minutes et ils ont ensuite enregistré par stimulation magnétique transcrânienne le niveau d'excitabilité de leur cerveau. Comparé à l'état de base, le niveau d'excitabilité était majoré chez 12 des 15 jeunes dans la région du cerveau la plus proche de l'oreille. Mais les auteurs soulignent que ce résultat n'implique pas à lui seul la mise en place de mesures de protection chez les sujets atteints d'épilepsie.
« Annals of Neurology », juillet 2006.
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