LE TEMPS DE LA MEDECINE
SLAVOMIR RAWICZ est un officier de 24 ans déporté en Sibérie pendant la Seconde Guerre mondiale pour la seule faute d'être polonais. La facture : vingt ans à purger. Il s'évade avec pour objectif d'aller vers le sud et atteindra deux ans plus tard, dans un état physique effroyable, le golfe du Bengale.
Pour rendre hommage à ce combat vers la liberté, Sylvain Tesson a suivi son parcours de la Sibérie à l'Inde. Six mille kilomètres à pied, à cheval ou à vélo. Il le raconte dans un livre, « l'Axe du loup »*.
« Mépris pour le corps, volonté d'avancer, toujours, quoi qu'il advienne font partie de mes devises » souligne cet aventurier, qui ajoute : « Rien ne me met plus en joie qu'un horizon fuyant lentement mes tentatives de le rejoindre. » Les dés sont jetés pour une détermination hors du commun. Et des soucis à prévoir pour ses pieds ? Eh bien non ! « Je m'en suis sorti sans aucune ampoule,en adoptant des règles simples, précise-t-il : faire sécher pieds, chaussettes et chaussures, tous les soirs. L'humidité chaude est l'ennemi du marcheur. Je suis également un adepte des chaussures légères, souples et basses, style basket, utilisées notamment lors des courses d'orientation. Je privilégie les chaussettes en laine. C'est une matière naturelle qui régule bien la chaleur et qui, même mouillée, conserve ses propriétés calorifères. En outre, elles sèchent vite. » « J'ai toujours du talc sur moi pour assécher mes pieds, une poudre blanche facilement identifiable, ajoute-t-il en riant. Mais avec le temps et le nombre de kilomètres avalés depuis plus de dix ans, mes pieds subissent un phénomène d'écrasement et ressemblent à une pelle à tarte. J'ai plus de difficulté à trouver des chaussures de ville à ma taille. »
Ouf ! On a enfin une raison d'hésiter à faire six mille kilomètres avec ce personnage d'une authenticité rare et de préférer lire ses exploits.
* Éditions Robert Laffont (« le Quotidien » du 18 novembre 2004).
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