LES RECETTES du doyen Yvon Berland ne feront pas de miracles. C’est du moins ce que semblent penser les représentants de syndicats de médecins hospitaliers, après avoir parcouru les 200 pages que l’expert en démographie vient de remettre au ministre de la Santé.
Pourtant, les attentes étaient grandes. Les hospitaliers espéraient des idées donnant aux jeunes l’envie de faire carrière en établissement de santé. A l’arrivée, la déception est grande. «Le rapport ne répond pas aux questions de fond», déplore la présidente de l’Inph (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), le Dr Rachel Bocher. La psychiatre attendait des clés pour résoudre le problème de la répartition géographique des médecins. De même espérait-elle une réflexion élaborée sur les moyens de combler le différentiel de rémunération des médecins libéraux et hospitaliers – un différentiel que va creuser la mise en place du secteur optionnel. «Au final, on n’a aucune proposition concrète chiffrée, rien qui retiendra les jeunes à l’hôpital», déplore le Dr Bocher.
« Effet d’annonce ».
Pour la présidente de l’Inph, le rapport Berland se résume à un nouvel «effet d’annonce du ministère». Un autre responsable syndical, le Dr François Aubart, qui préside la CMH (Coordination médicale hospitalière), regrette également les «insuffisances» du rapport Berland. D’après François Aubart, le document manque de précision tant dans la description de la démographie médicale hospitalière qu’au chapitre des propositions. Un élément, toutefois, retient l’attention du chirurgien : «Il est question de la “bombe à retardement” du compte épargne temps (CET). Et c’est vrai qu’il y a urgence: les CET de certains médecins se comptent déjà en mois» de journées RTT épargnées. Ces jours peuvent être soit posés, soit rachetés . En théorie, car «il y a un problème de financement et de moyens humains, reprend le Dr Aubart. Le CET est à la communauté médicale ce que la dette est à l’assurance-maladie: on l’a refilé aux générations à venir».
Tout comme le Dr Bocher, le Dr Aubart espérait des propositions plus précises à propos de la rémunération des médecins. Le Pr Yvon Berland suggère l’instauration d’un paiement «à l’activité, voire à l’acte», à l’hôpital. «Une telle formulation reflète une méconnaissance duterrain», regrette le président de la CMH, qui appelle de ses voeux un grand débat public avant l’élection présidentielle pour dire comment doivent évoluer les modes de rémunération des médecins.
En secteur libéral, l’idée d’un paiement à l’acte étendu à l’hôpital ne recueille pas plus de soutien. «Si c’est pour permettre aux médecins hospitaliers de faire plus de consultations privées, ce n’est pas la solution: l’hôpital doit rester le lieu d’accès aux soins pour les plus démunis», argumente le Dr Jean-François Rey, président de l’Umespe (la branche spécialiste de la Csmf). Le Dr Rey se montre en revanche favorable à l’instauration d’un intéressement financier à l’activité chez les PH : «Que ceux qui acceptent de travailler plus que leurs collègues soient mieux payés semble logique, comme l’a fait Tony Blair pour réduire les listes d’attente du NHS. Cette valorisation de l’investissement personnel à l’hôpital serait stimulante, sans entrer dans un libéralisme effréné, ou une course à l’acte.»
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