Avec une fréquence non négligeable, les biopsies réalisées sur les greffons rénaux révèlent un degré d’artériosclérose bien plus important que ne le laisserait présager l’âge de l’organe transplanté. Cette perte d’élasticité des artères (de petit et moyen calibre), avec rétrécissement de leur diamètre, survient en dehors de tout contexte de vascularite. Des chercheurs français, les équipes de Gary Hill (hôpital européen Georges-Pompidou) et Alexandre Loupy (hôpital Necker) viennent d’identifier le responsable de ce vieillissement accéléré : des anticorps dirigés contre le greffon. Une atteinte de l’organe qui compromet sérieusement sa durée de vie et associée à un taux élevé de rejets.
Afin de vérifier si l’existence d’anticorps spécifiques du donneur est impliquée dans cette artériosclérose prématurée, les chercheurs INSERM se sont penchés sur les biopsies rénales de 40 patients atteints de l’affection et de 59 receveurs d’un rein témoins. Ils ont exclu de l’étude ceux ayant des signes de vascularite.
La vitesse de dégradation des artères apparaît impressionnante. Entre les 3e et 12e mois, elle progresse de façon significative chez les sujets porteurs d’anticorps alors que l’état artériel évolue bien moins en l’absence d’anticorps. Chez ces derniers, elle est évaluée au tiers de celle de porteurs d’anticorps. En un an, expliquent les chercheurs, le vieillissement observé correspond à celui de 28 ans de vie chez une personne en bonne santé.
La traduction histologique de cette artériosclérose associe une infiltration leucocytaire prétubulaire au niveau des capillaires, une glomérulite, un rejet subclinique lié aux anticorps et une inflammation interstitielle.
Pour les auteurs, il semble nécessaire de dépister précocement ces anticorps dans les suites de la greffe rénale et de mettre au point des stratégies de prévention de l’artériosclérose.
« Journal of the American Society of Nephrology », doi 10.1681/ASN.2010070777.
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