CES RÉSULTATS « pourraient ouvrir la voie à de nouvelles possibilités pour la production à grande échelle de neurones à partir d'une moelle osseuse de patient dans une visée thérapeutique », évoquent Olafur Sigurjonsson et coll. (Oslo).
Quand le cerveau est lésé, il n'y a pas d'autoréparation en raison du potentiel limité de régénération du tissu neural adulte. On explore l'utilisation des cellules souches hématopoïétiques (CSH), qui donnent un certain espoir de parvenir à surmonter ce problème. En principe, les CSH peuvent être à l'origine d'un nombre illimité de cellules utilisables dans des protocoles de remplacement de tissus. Pour ce qui concerne le tissu cérébral, on sait depuis peu qu'un sous-groupe de CSH adultes peut se différencier en cellules neurales, mais avec un rendement faible.
Le travail norvégien montre qu'en travaillant dans du tissu embryonnaire de poulet, on pourrait augmenter les possibilités de différenciation offertes par les CSH prélevées dans la moelle osseuse d'humains adultes et notamment leur production quantitative.
Les avantages du tissu embryonnaire de poulet.
Le tissu embryonnaire de moelle épinière de poulet, qui a été utilisé dans l'expérience, présente un avantage particulier : lorsqu'on y intègre des xénocellules souches (d'humains, de souris, de rats...), elles se différencient en différents types cellulaires sans fusionner avec les cellules hôtes. De plus, alors que les CSH humaines adultes injectées par voie veineuse ou intracérébrale chez des rongeurs hôtes ne produisent pas de différenciation au- delà d'un pool de 1 % à 2 %, dans l'embryon de poulet, neuf jours après implantation, on relève : 16 % de CSH adultes intégrées, 9 % poussant un axone à travers la matière blanche vers les nerfs périphériques, 14 % ayant un long axone vers les racines ventrales 10 % recevant une terminaison synaptique GABA-ergique, 12 % recevant une terminaison synaptique à signal synaptotagmine.
« Nous avons aussi trouvé que ces cellules présentent une cyto-architecture neuronale [...], des propriétés de membrane active et des potentiels synaptiques spontanés caractéristiques des neurones fonctionnels intégrés. »
Le microenvironnement spécifique.
Le parcours de la différenciation neuronale s'accompagne, en outre, de l'expression transitoire du récepteur CD34, ce qui est le cas de la population cellulaire intégrée et différenciée.
Un examen attentif au microscope ne révèle pas de signes d'hétérokaryons (matériel chromosomique étranger). De plus, « les cellules humaines n'expriment jamais d'antigène spécifique de poulet », se félicitent les auteurs, qui estiment qu'il semblerait que ce ne soit pas l'environnement embryonnaire par lui-même, mais plutôt le microenvironnement spécifique du tube neural de poulet qui agirait en promoteur de la différenciation.
Ces résultats confirment les bénéfices cliniques à attendre des CSH au-delà du champ de l'hématopoïèse et mettent en lumière le potentiel d'un nouveau modèle d'étude : la moelle épinière d'embryon de poulet, qui doit maintenant être utilisée dans des conditions standardisées pour que les résultats soient comparés à partir de différentes variétés de cellules souches animales et humaines.
« Pro Natl Acad Sci USA » édition avancée en ligne.
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