Une fois n'est pas coutume, les résultats d'une évaluation réalisée par l'ANAES peuvent se montrer décevants. Rien de surprenant dans la mesure où le thème, pour lequel le ministère de la Santé a sollicité l'agence, est pauvre en niveau de preuves. Il s'agit de l'efficacité et de la sécurité de l'hystéroplastie d'agrandissement dans le traitement des anomalies utérines liées à l'exposition in utero au diéthylstilbestrol (DES).
Il faut rappeler que les femmes exposées au cours de leur vie anténatale au DES peuvent présenter des tumeurs et des anomalies cervico-vaginales, utérines et tubaires. Ces malformations risquent de retentir sur la fertilité ou le bon déroulement d'une grossesse. D'où les demandes de certaines patientes d'une restauration de la taille et de la forme de leur cavité utérine.
Après une revue de la littérature, les experts de l'ANAES ont tiré trois conclusions majeures.
Mener des études cas-témoins
Tout d'abord, en raison de la faiblesse des données de la littérature, il n'est pas possible d'apprécier l'efficacité et la sécurité de l'intervention. La nécessité se fait sentir de mener des études cas-témoins qui permettraient de répondre à cette question.
Ensuite, une hystéroplastie ne doit pas être réalisée systématiquement chez ces jeunes femmes, pas plus qu'elle ne doit être faite en première intention. Un bilan de fertilité du couple est indispensable avant la prise de décision. En outre, la patiente doit être correctement informée du manque d'informations scientifiquement étayées sur l'efficacité de l'intervention, ainsi que de ses éventuelles complications.
Un chirurgien maîtrisant bien l'intervention par hystéroscopie
Dernière conclusion, destinée spécifiquement au chirurgien : l'hystéroplastie d'agrandissement doit être réalisée par un praticien maîtrisant bien l'intervention par hystéroscopie. L'ANAES rappelle que ce geste comporte certains risques, notamment une possible fragilisation du muscle utérin avec pour corollaire un risque de rupture utérine en cours de travail obstétrical.
La population féminine potentiellement concernée par ces recommandations est celle née surtout entre 1964 et 1974. Au cours de cette décennie, pic d'utilisation du médicament, quelque 80 000 femmes ont été recensées comme étant à risque après exposition in utero au DES.
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