Légalisation des jeux en ligne, « coming out » d’un présentateur télé consommateur de cocaïne, débat sur les salles de shoot… À côté de ces sujets très médiatiques, la recherche sur les addictions et leur prise en charge avance.
Les alcooliques les plus résistants sont les plus à risque
Notamment, en alcoologie, une étude récente a mis en évidence un gène associé au risque de ressenti d’ivresse qui protège de la dépendance : les personnes « qui tiennent bien l’alcool » sont en réalité les plus à risque… « C’est un nouveau clignotant utile pour le médecin », estime le Pr Michel Lejoyeux (Hôpital Bichat, Paris). Par ailleurs, outre les deux traitements actuellement autorisés (l’acamprosate et le naltrexone), l’utilisation du baclofène (qui a l’AMM dans les contractures spastiques) fait l’objet d’un débat : il reste à évaluer son efficacité versus placebo. Enfin, on attend beaucoup de molécules qui bloquent le système de récompense et d’excitation cérébrale, qui pourraient être disponibles en 2011.
Cannabis : toujours associé au tabac
Côté cannabis, « la prise en charge des consommateurs reste difficile et souvent trop tardive. Il est toujours fumé avec du tabac, il faut donc prendre en charge aussi le tabagisme. On observe beaucoup de bouffées délirantes associées… Mais quant à la schizophrénie, aucun lien de cause à effet n’a été prouvé », précise le Pr Michel Lejoyeux.
Cocaïne : le lien avec une douleur thoracique
La nouveauté concerne surtout la prise en charge des consommateurs de cocaïne, qui a fait l’objet de recommandations de l’HAS en février 2010, visant en particulier à faciliter leur repérage et à décrire les stratégies de sevrage. Ces recommandations insistent aussi sur la douleur thoracique suite à la prise de cocaïne, qui est le symptôme amenant aux urgences le plus souvent rencontré (40 % des cas). Ce symptôme ne doit pas être considéré comme un effet normal de la prise de cocaïne. La HAS rappelle donc que toute douleur thoracique doit conduire à un appel au Samu-Centre 15 et à un interrogatoire sur une éventuelle consommation de cocaïne.
Tabagisme : priorité aux femmes enceintes
Les risques du tabagisme en cas de grossesse sont loin d’être négligeables pour l’enfant à naître.
La prévalence de la consommation de tabac pour les 15-75 ans est en augmentation significative : 33,6 % en 2010 contre 31,8 % en 2005, selon le baromètre santé 2010. Et si les femmes fument moins que les hommes, c’est chez elles que la prévalence augmente le plus (30,2 % en 2010 versus 27,6 % en 2005).
Une attention particulière devrait être portée au tabagisme pendant la grossesse, qui concerne environ 1 femme sur 5. « Il entraîne un petit poids de naissance et une fragilité respiratoire de l’enfant et favorise l’obésité. Une étude finlandaise portant sur plus de 175 000 enfants suivis sur 20 ans, montre qu’il augmente le risque de troubles psychiatriques (troubles de l’émotion, appétence aux drogues…), et même, au-delà de 10 cigarettes par jour, le risque de mortalité », souligne le Dr Ivan Berlin, président de la Société Française de Tabacologie (SFT). Une étude présentée lors du congrès de la Société française de tabacologie en novembre dernier montre que ce n’est pas seulement le nombre de cigarettes qui compte. Ceux qui fumaient 5 cigarettes par jour inhalaient plus profond pour extraire plus de substance par rapport à ceux qui en fumaient 20, comme en atteste le taux de cotinine par cigarette (dérivé de la nicotine) plus élevé dans la salive.
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