L’étude menée en Suède sur l’intérêt du dépistage du cancer de la prostate n’apporte pas de réponse définitive au débat : faut-il ou non le systématiser ? Elle fournit plutôt un élément de plus à la réflexion. Gabriel Sandblom (Stockholm, Suède) et coll. montrent que sur le long terme, 20 ans dans ce cas précis, la mortalité spécifiquement liée à l’affection ne diffère pas entre deux groupes d’hommes dépistés et non dépistés.
L’étude de population a été menée de façon contrôlée et avec tirage au sort. Dans la ville de Norrköping, tous les hommes âgés de 50 à 69 ans, en 1987, ont été enrôlés, soit 9 026 individus. Un sur six a été dépisté, soit 1 494 individus, les autres ont fait office de témoins. Ils ont subi un examen tous les 3 ans jusqu’en 1996. Les deux premiers consistaient en un toucher rectal (pas de PSA en 1987 et 1990). En 1993, le dosage a été ajouté à la clinique (seuil : 4 µg/l). Le 4e dépistage, en 1996, n’a porté que sur les hommes de 69 ans au plus à ce moment. L’analyse a étudié la survenue d’une tumeur prostatique, avec ses caractéristiques, et sa mortalité spécifique.
En tout, en 20 ans, 85 cas de cancer (5,7 %) ont été découverts dans le groupe dépisté et 292 (3,9 %) sont survenus chez les témoins. Le risque relatif de décès est évalué à 1,16 en cas de dépistage. En comparant la survie au cours de ce cancer dans les deux groupes d’hommes, le risque relatif est estimé à 1,23 (p = 0,13). Après ajustement pour l’âge à l’enrôlement, il s’élève à 1,58 (p = 0,024). Pour les auteurs, au terme du suivi, le taux de décès spécifiquement lié à un cancer de la prostate ne diffère pas significativement entre des hommes dépistés ou non.
G. Sandblom et coll. en concluent que la prochaine étape devrait porter davantage sur un moyen de distinguer les tumeurs à faible risque de celles à risque élevé. Cela permettrait de proposer des traitements moins invasifs sur les cancers les moins agressifs, plutôt que de s’évertuer à augmenter la sensibilité des tests de dépistage.
« BMJ » 2011, doi :10.1136/bmj.d1539.
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