DOMINIQUE DE VILLEPIN a accompli, dimanche dernier, à « Ripostes », une excellente performance. Il était souriant, modeste, disposé à parler de tout, y compris de ce qui le chagrine, comme l’échec du CPE ; et on pouvait se demander : « Pourquoi pas lui ? » Pourquoi pas lui en effet dès lors que cet homme-là a de la prestance, qu’il en impose et que, même si, souvent, son discours se noie dans le solennel, il ne dit pas que des fadaises. Et il répond, en effet : « Pourquoi pas moi ? », comme si, avec cette feinte humilité des puissants qui semblent revendiquer comme la valetaille, on lui ferait une grande injustice en l’excluant, avant même qu’elle ne commence, de la course à la présidence.
Egalité des chances.
On peut tout admettre au nom de l’égalité des chances (des candidats potentiels), mais on ne saurait faire abstraction de la stratégie. Il n’est pas vrai que la droite peut rester indifférente à l’investiture de Ségolène Royal. Le rapport de forces avec elle sera infiniment plus tendu qu’avec un autre socialiste.
LA DROITE DOIT SE PRONONCER TRES VITE ; CE N'EST PLUS L'HEURE DE FAIRE DE LA POLITIQUE
François Hollande pourra rallier les chevènementistes ; on note à gauche plus de sérénité qu’à droite. Certes, on ne doit pas sous-estimer le front antilibéral, mais cette fois, il semble bien qu’il ne parviendra pas à affaiblir la gauche classique.
Il n’en va pas de même à droite : elle devrait vaincre la plus populaire des socialistes, celle qui obtiendra des voix de droite. Laquelle n’est pas unie : si Dominique de Villepin, Jacques Chirac ou Michèle Alliot-Marie entrent dans la course et que Nicolas Sarkozy ne s’en retire pas, la droite peut perdre dès le premier tour, d’autant que la cote de François Bayrou s’élève. On aura alors un 21 avril à l’envers, qui laisserait en tête-à-tête Le Pen et Ségolène, avec un plébiscite au second tour pour la socialiste. On ne sait pas si tous ceux qui veulent afficher leur différence ont bien pesé les conséquences sur le premier tour.
Ce n’est pas leur faire injure que de dire que Dominique de Villepin veut gagner du temps pour renforcer ses chances, que Chirac ne se prononcera qu’en mars pour rester encore plus de trois mois au-dessus de la mêlée, et que MAM ne sera candidate que pour donner un symétrique féminin à la gauche. Dans les motivations de ces trois-là, la première est de faire barrage à Sarkozy, et elle arrive avant l’intérêt bien compris du pays.
Le principe de l’unité.
Empressons-nous de dire que nous leur en voulons d’autant moins que M. Sarkozy et Mme Royal n’ont pas nécessairement des motivations plus élevées. Et justement, un scrutin présidentiel n’est pas affaire de morale, mais enjeu national.
Dans ce cas, qu’attendent les opposants à Sarkozy pour rejoindre le principe de l’unité, merveilleusement appliqué par les socialistes ? Comment les candidats potentiels pourraient-ils nous faire croire que plus la campagne de la droite traîne en longueur et mieux elle se portera ?
Le président de l’UMP, qui voudrait bien être intronisé à main levée et sans primaires, dispose donc d’un argument que renforce la victoire de Mme Royal, à laquelle d’ailleurs il a eu le bon goût de rendre hommage en saluant sa performance, sinon ses convictions : voilà un homme capable de prendre ses distances par rapport à la lutte idéologique et d’admettre qu’il a en face de lui une rivale qui mérite un coup de chapeau. Ah, si tout le monde en politique pouvait enfin traverser la rue et aller serrer la main de l’adversaire, le pays irait déjà mieux !
M. Sarkozy dispose-t-il d’une exclusivité sur la candidature ? Certes non. Mais le triomphe royaliste devrait entraîner la désignation d’un candidat de l’UMP capable de conduire une bataille dangereuse. On n’a pas le sentiment que les trois autres aient cette faculté, surtout l’actuel président, qui saura encore moins se battre contre une femme. Encore une fois, si c’est nécessaire, des primaires peuvent être organisées à droite et si par hasard M. Chirac veut un troisième mandat, il faudra qu’il accepte d’y participer.
Une chose est sûre : la confrontation des candidats de la droite ne peut pas avoir lieu en mars pour satisfaire le caprice du chef de l’Etat. L’idéal, c’est une procédure de désignation rapide qui offre aussitôt au peuple français un choix clair. Ce n’est plus le moment de faire de la politique.
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