DE NOTRE CORRESPONDANTE
MILLE CINQ CENTS associations de toutes les régions et de tous les secteurs sanitaires et sociaux ont répondu au questionnaire envoyé par l'Uniopss à ses membres (20 000 fédérations et associations). Les réponses, analysées par le Credoc avec le soutien financier du Crédit mutuel, montrent qu'elles assument pleinement et revendiquent leur statut parallèle à celui des structures publiques et des structures privées à but lucratif. Elles s'estiment en effet plus créatives, plus à même de réagir et de s'adapter que les premières et plus respectueuses de l'usager que les secondes.
Les réponses soulignent notamment l'attention et le respect des personnes prises en charge : 77 % des associations ont mis en œuvre une observation continue des besoins de leurs bénéficiaires. Là où l'Etat fait « de la veille sociale » et le privé des bénéfices, les associations « créent du lien social » et apportent ainsi un rapport différent avec les usagers.
Pour cela, la plupart des associations revendiquent une identité de proximité. Soixante-dix pour cent des répondants disent d'ailleurs travailler en réseau local, surtout pour partager les informations, les outils de travail et la formation. Soixante-huit pour cent participent aussi à un réseau national, surtout pour être représentées dans les instances nationales, voire internationales et pour y être une force de proposition.
Des règles de plus en plus complexes.
Mais la plupart des associations, et plus encore celles du secteur de l'enfance et de la santé, soulignent la complexité croissante de leur environnement législatif et réglementaire. Si elles parviennent à s'y retrouver dans les textes qui les régissent elles-mêmes, elles avouent qu'elles connaissent mal ce qui régit les secteurs voisins, avec lesquels elles sont pourtant appelées à travailler. Toutefois, elles perçoivent dans la construction européenne et dans les évolutions de leur cadre d'action des occasions de concertation et d'échanges d'expériences.
Leurs relations avec les pouvoirs publics leur semblent évoluer dans le mauvais sens (sauf pour certaines associations s'occupant de personnes âgées ou handicapées), tout comme semblent s'aggraver les besoins des personnes aidées. Si certaines réformes sont jugées positives par le plus grand nombre (aide personnalisée à l'autonomie et CMU arrivent en tête), d'autres trouvent les sondés partagés (loi de décentralisation) ou hostiles (réforme de l'assurance-maladie, réforme des retraites). Soixante pour cent des associations doutent aujourd'hui de « la cohérence globale de la protection sociale ». La plupart ont misé sur le système de mise en concurrence car elles refusent de se situer dans une économie de marché. Elles estiment que « l'émergence d'une logique de marché va dans le mauvais sens » et elles craignent l'aggravation de cette logique dans les prochaines années.
Pour les chercheurs du Credoc qui ont dépouillé cette enquête, les réponses ont « une forte connotation technique et peu idéologique ». Si les associations revendiquent une place originale aux côtés du secteur public et du secteur lucratif, elles semblent le faire surtout au nom d'un « pragmatisme opérationnel » qu'elles comptaient s'efforcer de défendre tout au long de leurs trois journées de congrès.
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