Le Dr Florence Mussat a ouvert son propre cabinet de chirurgie esthétique à Chicago après avoir fait ses études en France. Externe, à l’occasion d’un stage à New York, elle découvre le système américain. Elle n’aura de cesse d’y retourner tant la différence de l’enseignement lui semble plus gratifiante aux USA.
L’énergique Florence Mussat se définit comme « un pur produit français et une grande expat », car cela dure depuis 34 ans ! Si ses études se sont déroulées à Paris, à l’université Paris-Descartes, c’est à New York que le Dr Mussat devient chirurgienne plasticienne. Cette spécialiste est née en 1959 d'un père radiologue. Sa mère, femme au foye, imagine plutôt pour sa fille, un avenir d’assistante dentaire !
Embarquée dans un stage pour étudiants américains
Après une expérience en cardiologie à Ambroise-Paré, la jeune externe veut à tout prix effectuer un stage aux États-Unis et... en chirurgie. Le doyen de l’époque, s’engage d'un « Organisez-vous et je validerai après ». Opiniâtre, la dynamique étudiante décroche une vague promesse de stage mais part pour New York, une simple adresse de coloc en poche.
Sur place, la voilà qui se retrouve embarquée dans un stage pour étudiants américains à l’université de Columbia. À 22 ans, la jeune Française découvre un univers médical différent et un métissage culturel qu’elle apprécie.
« Je me suis retrouvée au cœur de la crème des étudiants, embringuée dans un système très organisé, très cadrant, voire quasi militaire. » Son quotidien débute dès 5 heures et demie du matin, par la pré-visite faite par l’interne aux patients. Elle s’effectue en uniforme, cheveux obligatoirement attachés.
Tirée vers le haut
Les cours très organisés sont assortis de longues heures en salle d’opération et d’une garde toutes les trois nuits. Ces trois mois d’immersion intense dans l’Amérique médicale l’ont profondément marquée. Elle a atterri par hasard dans un stage standard et officiel des étudiants en médecine américains. La comparaison des deux systèmes permet de conclure : « J’ai été tirée vers le haut et les relations avec les professeurs étaient totalement différentes. Il y avait un respect mutuel, une réelle camaraderie qui ne s’inscrivait pas dans la compétition de celui qui aurait la meilleure note. »
Pourtant, cette immersion un peu inopinée de la jeune Florence dans un univers et un système médical étranger, ne s’est pas faite facilement : « Il a fallu que j’avale tous les acronymes médicaux américains et cela a été un véritable défi à relever. »
Véritable coup de poker
Son stage validé, la jeune étudiante regagne le circuit français. Une déception : « J’ai eu la forte impression en revenant en France que le système était désorganisé, il y avait souvent des grèves et un je-m’en-foutisme général des patrons, des profs… » Il y avait aussi la suffisance de certains grands patrons lors d’autres stages en cardiologie. « Alors mon petit, avez vous appris beaucoup de choses dans mon service… » et les mêmes « mais pourquoi vous emmerder à lire des ECG en banlieue pour 10 balles ! »
La jeune étudiante n’a pas eu son internat. Un échec et à nouveau, l'appel du large... À 24 ans, elle décide de devenir chirurgienne aux USA. Consciente que ce choix est un « véritable coup de poker », Florence Mussat quitte tout, sans rien. Elle se souvient : « C’était au moment où Mitterrand avait interdit toute sortie d’argent vers l’étranger. » Mais pour elle, la souplesse du dispositif a fait la différence : « Le système médical américain est tellement modulaire qu’en un an de travail intense, j’ai tout rattrapé », se souvient-elle.
En pleine épidémie de crak
Florence Mussat a tout mis en œuvre pour obtenir l’équivalent américain des ECN appelé l’ESC. Elle a fait valider un cycle "undergraduate" qui sanctionne la base des 4 premières années d’études, – les « pré-médical studies » – et enchaîne sur un cursus « clinical » formation pratique et d’assistance en centre hospitalier universitaire. Pas simple. « Les études étant onéreuses, je travaillais tous les week-ends pour un traiteur qui payait cash 100 dollars. De plus, j’avais un visa de tourisme qui avait expiré. J’étais dans une totale illégalité. » La dynamique et volontaire étudiante a vécu 5 ans de travail intense enchaînant les expériences médicales tant en traumato, chez les grands brûlés qu'en chirurgie générale à Brooklyn en pleine épidémie de crak et de cocaine : « Je n'ai jamais autant travaillé de ma vie », se souvient-elle. Et c'est payant, puisqu'elle passe avec succès les examens du « Board » et devient spécialiste.
Citoyenne américaine active et de cœur, le Dr Mussat milite via Sisters4science pour la promotion des sciences auprès de jeunes sous-représentés dans les professions scientifiques (les femmes et les groupes minoritaires). Elle exerce la chirurgie esthétique et reconstructrice dans un beau cabinet en libéral à Chicago depuis plus de 15 ans.
Le Dr Mussat ne regrette absolument rien de la France. Et pour le reste, elle est formelle : « Avaler ainsi une autre culture que celle d’origine a été source de dépassement et d’enrichissement. »
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