C’est la mobilisation générale… pour la médecine générale ! Quinze jours après avoir reçu une brochette de généralistes à sa table, Nicolas Sarkozy a donc mis mercredi le cap sur la « France profonde » celle qui manque de médecins de famille, celle qui innove aussi pour les retenir. De mémoire de Bas-Normand, on n’avait jamais vu un président mettre les pieds à Orbec, petite localité aux confins de l’Eure et du Calvados. Et parmi les médecins généralistes, qui se souvient d’un chef de l’État se rendant pour la cinquième fois dans un cabinet de médecine générale, après Bletterans, Livry-Gargan, Bouglon et Brie-Comte-Robert ?
Nicolas Sarkozy a donc décidé de choyer « ses » généralistes. On dira qu’il était grand temps; mais après tout mieux vaut tard que jamais. Les esprits chagrins verront aussi dans l’étape d’Orbec une simple case dans sa stratégie de reconquête : les généralistes sont un relais d’opinion efficace et le président se rend compte que sa cote de popularité n’y est pas au beau fixe. Mais, dans l’attention qu’il vous porte, il y a aussi un motif plus noble. Le chef de l’État manifeste une conscience aigue de la pénurie, il a compris que si l’on restait bras ballants, les déserts médicaux allaient encore gagner du terrain, et il sait le sujet O combien sensible dans l’opinion…
Depuis le début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy n’a d’ailleurs cessé de mettre l’accent sur l’accès aux soins. Et s’il a parfois semblé hésitant sur les moyens à mettre en œuvre, il faut lui reconnaître une constance : ni la raréfaction des blouses blanches, ni l’anarchie des dépassements ne sont à ses yeux une fatalité. Cette fois, il promet un bouleversement des règles du jeu. Dès 2011, la formation des futurs généralistes, la rémunération de leurs aînés et leur mode d’exercice seront donc revus de fond en comble. Il est trop tôt pour s’extasier ou pour verser dans les procès d’intention, on jugera le président aux actes. Mais il faut faire vite, si l’on veut que ce plan de relance ne se transforme demain en plan Orsec pour sauver la profession de l’asphyxie. Elisabeth Hubert le sait pertinemment. A peine remis son rapport il y a huit jours, elle a juré d’être vigilante. Si rien n’a bougé à la rentrée prochaine, promis, elle donnera de la voix. Comme elle, on retient son souffle.
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