DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE A SÉVILLE
SÉVILLE, SES JARDINS fleuris, son imposante cathédrale (la troisième au monde par la taille), son Alcazar, sa Giralda (ancien minaret transformé en campanile) et aujourd'hui, Diraya, l'application phare du système de santé intégré dont bénéficieront fin 2005 tous les Andalous.
« Avec Diraya, nous sommes devenus une référence en Espagne, et même en Europe », se félicité Antonio Peinado Alvarez, secrétaire général du SAS (service de santé d'Andalousie). De fait, les locaux du Ceges (Centre de gestion des systèmes et technologies du SAS), installés sur l'île du Guadalquivir, site de l'Exposition universelle de 1992, sont manifestement équipés pour recevoir des visiteurs. A peine la présentation est-elle achevée que les rideaux de la salle de conférence s'écartent pour dévoiler, comme au théâtre, la scène de l'impressionnant centre de contrôle du projet Diraya qui veille jour et nuit et 7 jours sur 7 sur les données de santé des Andalous. Elles sont stockées en sous-sol dans un demi-millier de serveurs informatiques, au milieu du bruissement des ventilateurs (par sécurité, tous les équipements sont doublés dans le centre de Malaga).
« Nous pouvons assurer 20 000 connexions simultanées », commente Antonio Llergo Munoz, directeur régional de l'informatique du SAS.
Avec 60 millions d'euros d'investissement, Diraya, qui s'inscrit dans le plan global de développement des nouvelles technologies de la Junta de Andalucia (le gouvernement autonome), peut déjà être considéré comme un succès. Moins de cinq ans après son lancement, les deux tiers des Andalous disposent de leur dossier médical, 3 500 généralistes se servent du système dans 326 centres de consultation de médecine générale. Les consultations spécialisées seront intégrées courant 2006.
Pour mettre tous les atouts de son côté, Diraya a misé sur la consultation des professionnels de santé (quelque 400 généralistes, infirmières, pharmaciens, spécialistes, travailleurs sociaux, etc., ont participé à sa conception), sur le service délivré au citoyen, sur la mise en place progressive des différents éléments et sur la formation (8 000 professionnels formés). La gestion centralisée et publique de la santé en Andalousie a évidemment facilité les choses (voir encadré).
Diraya, qui signifie « connaissance » en espagnol, a doté chaque citoyen d'un dossier médical électronique unique (historia de salud digital). Au cœur du projet, la BDU, la base de données des usagers (reposant sur la technologie Oracle déployée par la société Indra), ouverte en octobre 2001, contient toutes les données administratives et les droits des assurés sociaux. Chacun a reçu un numéro d'identification unique et dispose d'une carte d'assuré social, la Tass (Tarjeta sanitaria y de seguridad social) qui sert de clé d'accès au système via Internet. Un autre module sert de porte d'entrée professionnelle de Diraya, authentifiant les professionnels de santé et gérant leurs droits d'accès (différents selon la profession exercée).
Le module de rendez-vous est entré en fonction le 21 mars dernier. Il gère l'agenda des centres de soins primaires, des consultations externes et des examens complémentaires. Trente pour cent des prises de rendez-vous passent ainsi par « Salud responde », centre d'appel téléphonique, en attendant de pouvoir utiliser le bureau virtuel Inters@s qui sert déjà aux assurés, depuis décembre 2002, pour changer de médecin, consulter et mettre à jour leurs données personnelles ou demander une nouvelle carte santé.
Gain de temps.
L'un des bénéfices du système, constaté à la fois par les médecins et les pharmaciens, c'est la prescription électronique lancée au printemps 2003. Au centre de santé de Torreblanca, un faubourg de Séville, le Dr Gomez Ruiz insiste sur le temps gagné grâce à Diraya. Il introduit dans le lecteur de carte inclus dans son ordinateur (un lecteur de carte à puce standard de faible coût) la carte d'assuré remise par son patient et accède à son dossier administratif et médical. La nouvelle consultation est saisie en quelques minutes grâce à un formulaire automatique pour l'examen clinique, la pathologie est codée en CIM 10 (classification internationale des maladie). L'aide à la prescription est plutôt de nature économique avec les prix des traitements en attendant les interactions et les contre-indications qui seront ajoutées d'ici à six mois. La prescription en principe actif a permis de réaliser 58 millions d'euros d'économie depuis sa généralisation en septembre 2001.
Le patient quitte le cabinet avec une copie papier de son ordonnnance, mais c'est sa carte qui lui permet d'obtenir ses médicaments. Le pharmacien s'en sert pour prendre connaissance de la « Receta médica » et vérifier le « crédito farmaceutico » pour lui délivrer ses médicaments et indiquer en ligne les quantités remises. Vingt-cinq mille patients bénéficient déjà de ce service.
Le pharmacien a le droit de substitution et, en cas d'incident thérapeutique, il peut informer le médecin via l'Intranet sécurisé. Grâce à ce système, qui permet au médecin et au pharmacien de suivre l'observance du traitement, l'ordonnance peut rester valable pendant un an. Ce qui évite les visites pour simple renouvellement d'ordonnances. Le centre de santé de Torrebianca a constaté une diminution de 55 % des consultations chez les patients chroniques (hypertendus, dépressifs, rhumatisants, etc.), sur la période février-juillet 2004 par rapport à la même période en 2003.
Avec Diraya, les Andalous sont en train de constituer une base de connaissances pour de futures études en épidémiologie et en économie de la santé.
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