EN OCTOBRE 2005 était annoncée l’ouverture de la première banque internationale de cellules souches embryonnaires humaines, à l’hôpital universitaire de Séoul, là même où le Dr Hwang Woo-suk était supposé avoir réussi à obtenir pas moins de onze lignées de cellules souches humaines par clonage thérapeutique. La direction de cette banque avait tout naturellement été confiée au Dr Hwang.
Un mois plus tard, la fraude du nouvel héros national coréen était révélée et ce beau projet de coopération scientifique international était oublié.
Les cellules souches embryonnaires ont la capacité de conduire à la formation de tous les tissus de l’organisme, y compris celle des gamètes. Une fois isolées de la masse interne d’embryons de cinq à sept jours, ces cellules peuvent être cultivées en laboratoire à l’infini tout en conservant leur caractère de totipotence et en gardant un génome intact. Si elles sont placées dans des conditions de culture précises, il est théoriquement possible d’induire leur différenciation en n’importe quel type de cellules spécialisées et de tissus du corps humain.
Cette propriété est à l’origine de nombreux espoirs thérapeutiques, mais de nombreux problèmes techniques restent à régler avant qu’il puisse être envisagé de traiter des patients à l’aide de telles cellules.
Parmi ces problèmes, outre les risques liés à une prolifération ou à une différenciation mal contrôlée des cellules souches transplantées dans un organisme adulte, se pose celui de la disponibilité de cellules immunologiquement compatibles avec le patient à traiter.
Deux solutions sont envisagées pour résoudre ce problème : la première se fonde sur l’utilisation de la méthode du transfert nucléaire qui a donné le jour à la célèbre brebis Dolly : cette technique consiste à transférer le noyau d’une cellule du patient dans un ovocyte énucléé, puis à obtenir la division et la différenciation de cette cellule hybride jusqu’au stade du blastocyste, afin de pouvoir y prélever les fameuses cellules souches. On parle de « clonage thérapeutique ». Cette solution est celle qui a été explorée, finalement sans succès, par le Dr Hwang Woo-suk.
Une centaine de lignées.
La deuxième stratégie envisagée pour obtenir des cellules souches embryonnaires immunologiquement compatibles avec l’organisme des patients receveurs repose sur la constitution de banques de cellules souches de statuts immunologiques les plus variés possible, sur le modèle des banques de sang ou d’organes. C’est aujourd’hui la solution la plus réaliste d’un point de vue technique. Ces banques pourraient en effet être constituées à partir de cellules dérivant d’embryons issus de protocole de procréation médicalement assistée qui ne font plus l’objet de projet parental.
De telles banques existent déjà en Angleterre, aux Etats-Unis et en Asie. Elles ne disposent pour l’instant, à elles toutes, que d’une petite centaine de lignées cellulaires stables. Leur utilisation est réservée à la recherche.
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