LE MONDE cancérologique change. De grandes avancées ont été faites dans la prise en charge des « grands » cancers – cancers du sein, cancers bronchiques, cancers prostatiques, cancers digestifs, cancers cutanés –, mais aussi des cancers plus rares, sarcomes, cancers du rein, par exemple : meilleure combinaison des traitements, meilleure coordination des différents professionnels, avec travail en réseau... Et la recherche avance à grands pas. La mise au point des thérapeutiques ciblées semble très prometteuse. L’adénocarcinome bronchique, par exemple. Ce cancer résistant aux chimiothérapies se révèle sensible à des thérapies biologiques ciblées, comme le bévacizumab, anticorps monoclonal dirigé contre le récepteur du Vegf (Vascular Endothelial Growth Factor) présent en grande quantité à la surface des cellules endothéliales des néovaisseaux tumoraux. Le bévacizumab a reçu une AMM pour le traitement des cancers colo-rectaux à un stade avancé, en complément d’une chimiothérapie à base de 5-FU.
D’autres thérapeutiques ciblées confirment leur efficacité ; c’est le cas du sunitinib, qui bloque la partie intracellulaire du récepteur au Vegf des cellules endothéliales. Il est actuellement préconisé pour les tumeurs rénales métastatiques.
Des armes préventives.
En parallèle de ces avancées thérapeutiques, l’idée de prévention fait son chemin et va révolutionner la pratique médicale, notamment avec une nouvelle arme comme le vaccin antipapillomavirus. L’incidence du cancer du col est très disparate selon la région du monde que l’on habite. Cela dépend essentiellement de l’application systématisée ou non d’un dépistage par frottis cervico-vaginal. Mais il s’agit là de prévention secondaire, puisque les lésions sont déjà existantes. Conscients du lien de causalité entre certains papillomavirus à haut risque oncogène (HPV 16 et 18) et cancer du col, plusieurs laboratoires se sont lancés dans la recherche d’un vaccin combinant ces deux virus, retrouvés dans 70 % des cancers du col. Les premiers résultats sont très encourageants, avec une réponse immunitaire de bonne qualité et stable dans le temps (recul à quatre ans), le tout avec très peu d’effets secondaires. Il s’agit donc d’une révolution, avec l’introduction de l’idée de prévention primaire du cancer.
Mais de nombreuses zones d’ombre persistent. A qui l’administrer ? Selon quel protocole ? La protection est-elle durable ? Les études vont devoir répondre à ces questions. En attendant, le frottis reste plus que jamais d’actualité.
De prévention, il est encore question puisque Eurocancer s’interroge légitimement sur les meilleures stratégies de recherche pour le futur. Les études génomiques se révèlent lourdes et coûteuses, avec un bénéfice clinique probablement modeste. Faut-il porter les efforts sur les facteurs environnementaux ?
Alimentation, activité physique.
L’observation a montré le rôle de l’alimentation dans la survenue des cancers digestifs. Le manque d’activité physique peut être impliqué. Comment agissent-ils ces différents facteurs ? Voilà une question de grand intérêt pour des recherches futures si on veut comprendre le mécanisme de développement des cancers et empêcher leur survenue.
Conférence de presse Eurocancer. Avec la participation des Prs M. Boiron (président fondateur d’Eurocancer), M. Marty (président d’Eurocancer), J. Trédaniel (Paris) et des Drs C. Bergeron (Cergy-Pontoise) et S. Faivre (Clichy).
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