C’est une enquête (*) inédite qu’ont présenté la semaine dernière les internes de médecine générale réunis en congrès à Deauville. Et cette dernière bouscule bon nombre d’idées reçues sur ces médecins de demain. Tout d’abord, celles et ceux qui ont choisi la médecine générale ne l’ont pas fait par défaut. Ils sont en effet 84 % à déclarer que leur décision d’opter pour la carrière de généraliste résulte d’un choix actif, et non d’une incapacité à opter pour une autre discipline.
Deuxième information de taille, l’installation en libéral ne constitue pas, pour cette génération, le repoussoir trop souvent affirmé par leurs aînés. Ainsi, plus d’un interne sur trois (37 %) envisage de travailler en médecine ambulatoire après leur internat. À l’arrivée, ils sont en moyenne 16 % (un pourcentage culminant à 17,5 % chez les hommes) à songer sérieusement à visser leur plaque. Autre preuve d’un attrait qui ne se dément pas pour la médecine ambulatoire, même si, il est vrai, cette appétence prend une forme moins traditionnelle ? Près d’un interne sur 10 (8 %) se déclare tenté par un statut de collaborateur libéral, tandis que 7 % d’entre eux seraient prêts à se faire salarier. Comme le résume le président de l’Isnar, Stéphane Munck, « on oppose à tort le salariat à l’hôpital et le libéral en médecine de ville lorsque l’on parle des souhaits d’exercice des jeunes. En réalité, l’appétence pour l’ambulatoire ne se dément pas ». La preuve par l’enquête : en effet, seuls 14 % des internes interrogés préféreraient un statut de praticien ou d’assistant hospitalier…
Trouver le bon lieu et les bons partenaires
Reste la question du statut du remplacement, qui concerne une majorité des futurs généralistes (55 %). « Mais c’est une forme de passage obligé à la fin de l’internat, le temps de trouver le bon lieu et les bons partenaires », explique Thomas Louyot, qui attaque sa troisième année d’internat (voir témoignage). Car les aspirants généralistes veulent bien s’installer. Mais, pas à n’importe quelles conditions.
Leurs souhaits majoritaires d’exercice sont connus : plutôt en groupe, plutôt de façon pluridisciplinaire… Mais aussi, pourquoi pas, à la campagne. Outre le fait que huit internes sur dix souhaiteraient travailler dans la région de leur internat, ils sont 70 % à déclarer qu’ils pourraient se décider pour un exercice en milieu rural, pour peu qu’on les y aide, c’est-à-dire moyennant une assistance logistique ou financière à la création de structures collectives. Six sur dix indiquent que ce sont des avantages fiscaux ou sociaux qui les inciteraient à sauter le pas. Et plus de la moitié des internes pourraient exercer dans les campagnes, à condition de bénéficier de la présence de crèches, de garderies et d’écoles à proximité de leur lieu d’exercice. In fine, seuls 12 % d’irréductibles ne veulent pas entendre parler d’une installation en milieu rural.
Sur le volet de leur mode de rémunération idéal, les internes restent en définitive plutôt attachés au paiement à l’acte. Simplement, ils souhaitent le voir évoluer. Ainsi, 78 % d’entre eux veulent sortir du « paiement à l’acte exclusif », mais pour plus d’un interne sur deux, cela se traduit par une rémunération mixte qui panacherait le C avec une dose de forfaitisation (voir graphique). Ne reste donc qu’une minorité de 22 % qui se prononcent en faveur du salariat pur et simple.
Souhait : 42 heures par semaine
Le temps de travail hebdomadaire auquel aspire la jeune génération ? 42 heures par semaine. C’est moins que ce que font les généralistes actuels. Côté maintien du sacerdoce, on relèvera néanmoins que pour presque huit internes sur dix, la participation aux tours de gardes ne se discute pas. Ces dernières font tout simplement partie du métier de généraliste. Logique après tout, puisque ces internes, rappelons-le n’ont pas choisi médecine générale par hasard.
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