Le téléphone portable induit-il des cancers cérébraux ? Si la question n’est toujours pas tranchée, deux nouvelles études viennent entretenir la polémique, qui était déjà alimentée par les résultats de l’étude épidémiologique européenne Interphone, publiés en mai 2010. Pour mémoire, dans ce travail, aucune augmentation du risque de gliome ou de méningiome n’a été mis en évidence avec l’utilisation du téléphone portable, si ce n’est chez les utilisateurs intensifs, chez qui on retrouve un sur-risque de gliome de 40%. De prime abord, il y aurait de quoi s’inquiéter, mais la présence de nombreux biais ont empêché d’établir une interprétation causale.
Récemment, une grande étude (publiée dans Bioelectromagnetics, 28 janvier) se veut rassurante. Menée à partir des statistiques nationales du Royaume-Uni, elle montre que, durant neuf années (entre 1998 et 2007), l’incidence des cancers du cerveau est la même, alors que l’utilisation du téléphone portable est montée en flèche depuis le début des années 90. Toutefois, on décèle une très légère augmentation des cancers dans le lobe temporal (0,6 cas pour 100 000 personnes). Rien d’alarmant selon les auteurs: cette augmentation ne correspond qu’à 31 cas supplémentaires par année dans une population de 52 millions d’habitants. Par ailleurs, on note aussi une diminution -chez les hommes uniquement- des cancers du lobe pariétal et du cervelet.
Un lien bien ténu
Pour les chercheurs, ces résultats signent une probable absence de lien de causalité entre cancer et téléphone portable, tout du moins sur l’île britannique. Ils ne voient d’ailleurs pas de mécanisme biologique plausible qui expliquerait que les radiofréquences altèrent directement les gènes, chose qui pourrait alors rendre certaines cellules cancéreuses. « Si l’exposition aux radiofréquences était liée au cancer, ce serait plutôt en stimulant la croissance d’une tumeur déjà existante » ajoutent-il.
On peut toutefois se poser la question de l’impact biologique du téléphone portable sur le fonctionnement du cerveau, notamment en considérant cette petite étude (47 personnes) publiée dans le JAMA du 23 février. Elle montre que l’utilisation pendant 50 minutes d’un téléphone portable accroît de 7% le métabolisme du glucose dans la région du cerveau située proche de l’antenne du téléphone (cortex orbitofrontal et lobe temporal). Pour l’instant, les conséquences pour la santé demeurent inconnues, mais l’étude suggère que l’utilisation du portable pourrait affecter le fonctionnement du cerveau. Le débat est loin d ‘être clos.
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