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Film pour (grand) enfant

Publié le 03/03/2016

Le cinéma d'Arnaud Desplechin n'a pas de certitudes. Il flotte sur les souvenirs intimes. Et tisse au fil des films la mémoire d'un récit personnel à celle du cinéma comme au temps de la Nouvelle Vague, à la manière d'un François Truffaut. Avec ces Trois souvenirs de ma jeunesse qui lui a valu le César mérité du meilleur réalisateur, il retrouve le personnage de Paul Dédalus interprété par Mathieu Amalric découvert dans Comment je me suis disputé. Mais au lieu de nous offrir une suite, Arnaud Desplechin préfère nous emmener au moment où tout commence, à savoir le temps de l'adolescence. Comme si François Truffaut dans la saga Antoine Doinel avait tourné disons Les 400 coups après Baisés Volés. La chronologie est donc bousculée. D'autant que le réalisateur joue avec les époques et les souvenirs. Et vampirise le réel pour mieux bousculer la fiction. Au programme donc les peurs de l'enfance, les risques de l'adolescence et les vertiges du premier grand amour. Chaque moment s'inscrit dans un genre cinématographique, le premier dans le film fantastique, le second dans le registre policier, le troisième dans la comédie dramatique. Mais jamais l'exercice ne se révèle gratuit. Le verbe se porte haut sans jamais redouter l'effet littéraire. La vérité du sentiment exige l'écrin du bien-parler, loin d'un cinéma naturaliste. A la fin, les personnages gardent leur mystère. Ils nous ont simplement prêté un peu de leur poésie comme pour mieux rêver à nos propres souvenirs...

Trois souvenirs de ma jeunesse, un film d'Arnaud Desplechin, diffusion blaq out, 19,99 euros.

Source : lequotidiendumedecin.fr