« Mambo Mistico », d'Alfredo Arias

Folies baroques

Publié le 22/03/2005
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EN ESPAGNOL et sans décor. En espagnol, les chansons sur-titrées de cette comédie qui tresse les souvenirs d'Alfredo Arias qui, en scène tout au long de la représentation, s'exprime en français. Il est le narrateur.
Le metteur en scène d'origine argentine se souvient de son enfance. Il ne parlait pas. Sa mère avait demandé à la Sainte Vierge d'intervenir et lui avait promis que son fils ferait sa communion dès qu'il accéderait au langage. A cinq ans ce fut fait. Alfredo Arias eut dès lors une double fascination : les rites de l'église et les beautés du music-hall. Il tresse aujourd'hui cette double culture, tente de nous montrer, au travers les yeux d'un enfant, comment on peut confondre les choses et, sans volonté blasphématoire, construire de drôles de scènes...
On n'est pas certain de comprendre pourquoi tout finit par la crucifixion d'un grand jeune homme généreux, une crucifixion qui va heurter, sans doute justement parce qu'une partie du public jugera qu'elle est gratuite. Mais Arias est dans sa logique de souvenirs, d'enfance. Il jouait au chemin de croix lorsqu'il était petit...
L'essentiel du propos est ailleurs, dans l'histoire d'une fille gentille qui va devenir méchante. Parce que le monde l'est.
Un compositeur italien qui vit à Bahia, Aldo Brizzi, propose une musique magnifique, difficile, très brésilienne mais sans excès ethnique, c'est une musique du jour. Il la joue en direct avec son groupe Aço do açucar (Acier de sucre, littéralement). C'est l'une des beautés de ce spectacle, suite éblouissante de chansons.
Dans les beaux atours imaginés par une Françoise Tournafond toujours aussi talentueuse, les interprètes sont tous remarquables. Arias lui-même, gentil Arias qui ne chante pas mais raconte et prend en charge une partie du sens des chansons, Marilu Marini, impayable en très méchante. Et comme elle chante bien ! Côté garçons, de belles présences, de belles voix : Giorgio Faelli, Raul Paz, Jacques Haurogné. Côté filles, Graça Reis, Sandra Rumolino, Alma Rosa, voix magnifiques, prestance, beauté.
A prendre comme cela se donne. Une fantaisie. Mambo torride et insolence baroque d'Amérique du sud, un divertissement. Et toujours, la pincée mélancolique propre à Alfredo Arias.

Théâtre national de Chaillot, à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le dimanche à 15 h. Durée : 1 h 45 sans entracte. (01.53.65.30.00). Jusqu'au 23 avril.

> A. H.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7714