Le panache émis par la centrale de Fukushima devait arriver mercredi sur la France, mais les premières mesures ne seront pas connues avant plusieurs jours, vu l'infime niveau de radioactivité attendu, selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Quant à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), elle répète depuis plusieurs jours que les retombées radioactives en France resteront à « des niveaux extrêmement bas » et seront « sans aucune conséquence » sur la santé. « Ca va être un phénomène très graduel. D'après la simulation de Météo France, les éléments radioactifs pourraient commencer à apparaître à partir d'aujourd'hui et ça va durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines » a expliqué à l'Agence France Presse Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN. Le phénomène va être suivi heure par heure par l’IRSN (voir l’animation) mais seuls les prélèvements à très grand débit devraient être capables de déceler les traces de radioactivité dans les jours qui viennent.
Selon Michel Bourguigon, commissaire à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le nombre de becquerels attendu « est de l'ordre de 1 millième de becquerels par mètre cube d'air ». « L'activité naturelle est d'environ 2 millisieverts sur la région parisienne. Vous ajouterez 0,001, c'est totalement négligeable, » a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Il faudra alors avoir recours à des engins pompant durant plusieurs jours jusqu'à 700 m3 d'air par heure avec des philtres spéciaux, capables d'atteindre des limites de détection très basses qui sont ensuite analysés en laboratoire. C’est pourquoi la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a pris soin de préciser à l’issue du Conseil des ministres mercredi que les retombées radioactives du panache ne nécessitaient pas « de précautions particulières pour la santé ». « Simplement, par souci de transparence et de cohérence à partir du moment où on avait cette modélisation des circulations atmosphériques, on a voulu le dire aux Français » a-t-elle expliqué.
Même son de cloche à la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) à Valence où des scientifiques surveillent le passage du panache radioactif en provenance du Japon. « Nous sommes sereins mais restons vigilants, notamment par rapport aux pluies qui doivent arriver en fin de semaine et pourraient entraîner des dépôts de radioactivité, mais faibles » concède son président, le physicien écologiste, Roland Desbordes. Cette association créée après l'accident de Tchernobyl en 1986 dans une région touchée par son nuage dispose de six balises de mesures dans le bassin du Rhône, non loin des centrales de Saint-Alban, de Cruas ou encore du Tricastin. Les résultats sont transmis à ses 5 000 adhérents et sur son site internet. « Un jour ou l'autre c'est sûr on va la trouver cette radioactivité, vu les quantités rejetées » estime Roland Desbordes, qui n'est guère inquiets quant à son niveau, mais milite pour « une information objective et scientifique ».
Concernant le risque radioactif, les inquiétudes viennent plutôt des produits alimentaires importés. La France a demandé à la Commission européenne d’imposer un contrôle systématique « sur les importations de produits frais en provenance du Japon aux frontières de l’Union Europe » sans pour autant imposer un embargo de ces produits. Paris avait déjà mis en place la semaine dernière des contrôles systématiques sur ses importations de produits frais, à savoir principalement les coquillages et le poisson. Mais pour l’instant, aucune importation directe ne vient du Japon.
D’ailleurs « en dehors de quelques coquillages et de nourriture pour les animaux domestiques, nous importons très peu de produits alimentaires du Japon » a temporisé le Directeur général de la Santé, Didier Houssin, dans une interview au quotidien Le Parisien, mercredi. Quelque 8 800 tonnes de produits agroalimentaires frais et transformés ont été importés du Japon en France en 2010 dont 450 tonnes de produits d'origine animale. La France importe également des graisses et huiles végétales, ou encore des déchets de tabac, des épices, du café du Japon. Le lait et la viande japonais ne sont pas importés dans l'Union européenne selon le ministère de l’agriculture.
Mardi, le président de l’ASN, André-Claude Lacoste, et le président du CNOM, Michel Legmann avaient adressé une lettre d’information à tous les médecins français afin qu’ils puissent mieux répondre aux questions des patients inquiets par le panache radioactif ou de retour du Japon. Pour les personnes ayant séjourné au Japon et de retour en France « une contamination minime est possible ». « Elle dépend principalement de la proximité du lieu de séjour avec la centrale de Fukushima » précisent-ils. Ainsi, si des patients craignent d’avoir été exposées aux radiations, un examen anthroporadiamétrique peut leur être proposé, après expertise par l’IRSN. Cette lettre rappelle également qu’en France, « il n’y a pas lieu de prescrire de l’iode stable, totalement inutile ». Au lendemain de la catastrophe japonaise, les pharmacies françaises avaient rapporté des demandes spontanées de comprimés d’iode par les patients.
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